Effondrement historique du PIB en France et en Europe

Tous les grands médias caracolent actuellement avec des gros titres :

  • hausse historique du PIB en 2021,
  • du jamais vu depuis 50 ans,
  • etc.

Au-delà de ces titres-dont-je-tairai-le-but, la réalité est bien différente.

Effondrement historique du PIB en 2020

Comme on le sait tous, le PIB a chuté en 2020 un peu partout dans le monde. En particulier, il a reculé de 6,4 % dans la zone euro. En France, encore plus, il a chuté d’environ 8 %.

La fameuse « hausse historique » de 5,2 % en 2021 en Europe est donc vue sous un autre angle lorsqu’on garde en tête la succession des années. Sortons notre calculette :

(100 – 6,4) × 1,052 = 98,47

soit une baisse sur deux ans de 1,53 %.

En France, si on fait le même calcul, on a droit à une baisse de 1,56 % sur deux ans.

Mais ce n’est pas tout.

Injection massive de monnaie par la BCE

Face à l’arrêt de l’économie en 2020, la Banque Centrale Européenne a décidé de ne pas y aller de main morte.

Après tout, elle commence à en avoir l’habitude. Cela fait presque une décennie qu’elle injecte régulièrement de la monnaie dans la sphère financière par le mécanisme de l’assouplissement quantitatif (QE – Quantitative Easing en anglais). Et l’euro ne s’en porte pas plus mal, du moins en apparence. Alors, pourquoi ne pas y aller franchement ? Au fond, il s’agit de « sauver l’économie ». Ou plus exactement la sphère financière, mais chut.

Il me semble que le blog creationmonetaire.info est l’un des seuls, si ce n’est le seul, à nous donner des graphiques de l’évolution de la masse monétaire en euro. Celui-ci est particulièrement parlant :

Masse monétaire euro
Source : https://www.creationmonetaire.info/2022/01/masse-monetaire-e-janvier-2022-les-15000-milliards-depasses-le-rsa-au-plus-bas-de-tous-les-temps.html

Depuis mars 2020, c’est-à-dire moins de 2 ans, la BCE a injecté la bagatelle de 20.000 milliards d’euros dans l’économie. 10 fois le PIB de la France.

À masse monétaire constante, le PIB a donc déjà reculé de 1,5 % en deux ans. Mais si on tient compte du gonflement de presque 20 % de la masse monétaire dans le même temps, alors la conclusion s’impose :

en deux ans, le PIB a reculé de 20 %.

Il s’agit donc d’un effondrement historique du PIB, contrairement à ce qu’on veut bien nous faire croire, en pleine période électorale.

Inflation

J’indiquais en 2016 dans mon livre « La monnaie : ce qu’on ignore » que les QE successifs n’avaient eu qu’un très faible impact sur l’inflation :

Or, malgré l’augmentation constante et soutenue de la masse monétaire, l’inflation officielle dans l’Union Européenne sur 10 ans est d’environ 2 % par an, guère plus de 25 % en 10 ans, soit un quart de la hausse de la masse monétaire (pour rappel, la masse monétaire M1 a doublé dans les 10 dernières années et la monnaie fiduciaire a même quadruplé en 15 ans).

Il semblerait tout de même que la dernière folie de nos banquiers centraux commence à porter ses fruits : partout, « on craint » une inflation record en 2022. La question est : qui donc craint cette inflation ?

La réponse est simple : le petit épargnant, le salarié qui ne va pas voir son salaire suivre la courbe de l’inflation, le petit commerçant qui va devoir racler sur ses marges déjà inexistantes pour ne pas trop perdre de clientèle, etc.

L’État, lui, en sort grand gagnant. Il pourra de toute façon relever les taxes et autres impôts. En effet, il suffira de justifier qu’ils sont indexés par défaut sur l’inflation. Mais surtout, il voit sa dette fondre comme neige au soleil.

À lire aussi sur le sujet, cet autre récent billet sur le petit jeu de la BCE.