Barrage au fascisme ! Mais pas comme vous croyez.

« L’heure est grave, le grand retour des bottes se fait entendre en Europe ! » Voilà ce qu’on entend un peu partout en ce moment.

Même si je sais que ce billet va m’attirer les foudres de certains, j’aimerais apporter un peu de factuel à l’excitation et l’émotion ambiante. Apporter des solutions aussi. Car « faire barrage au fascisme » est parfaitement possible dans la situation actuelle, et même extrêmement simple. Il suffit d’analyser la situation posément et sans parti pris.

Mes lecteurs le savent : je hais le racisme. J’ai déjà démonté dans mon livre « Le Président Providentiel » le concept de races. J’ai aussi montré dans ce billet que la couleur de peau est une simple réaction de survie du corps humain en fonction de l’exposition au soleil d’une population. Logiquement, juger une personne par le simple prisme de sa couleur de peau ou tout autre aspect physique me paraît tout simplement stupide.

Par ailleurs, mes lecteurs savent aussi que les élections et les partis politiques sont des leurres de démocratie. Ce sont des pièges qui transforment des citoyens souverains en électeurs-soumis. Par ailleurs, le système de partis a la caractéristique fondamentale de nous renvoyer systématiquement au « vote utile », ainsi qu’à choisir le moins pire parmi les pires. Et finalement à nous renvoyer dans la dualité qu’on nous présente actuellement : c’est l’un ou l’autre des extrêmes.

Ces petits rappels énoncés, passons aux faits.

Le symptôme

Le problème est très simple : le Rassemblement National est crédité d’une majorité par certains sondages pour les législatives imminentes.

Bien sûr, cela peut faire peur, au vu des déclarations de certains membres de ce parti, ouvertement racistes.

On parle tout de même ici de 35 % d’intentions de vote de la population pour ce parti.

Les causes

On peut se poser alors la question : 35 % de la population française serait donc raciste et xénophobe ? Que faire dans ce cas ?

Il suffit de se pencher sur des études pour comprendre qu’il n’en est rien. L’essentiel des votes pour le Rassemblement National se résume à ceci :

  • une petite minorité effectivement raciste et xénophobe,
  • une large majorité qui votent par dépit, en vote de contestation, avec comme principale préoccupation leur sécurité de tous les jours ainsi que l’impossibilité de joindre les deux bouts tout en travaillant, avec la perception que ceux qui vivent d’aides sociales se portent mieux que ceux qui travaillent.

Alors, que ce soit bien clair : je ne dis pas qu’il n’y a pas de racisme dans les cadres du FN ou même dans son électorat, je constate simplement que ce n’est pas du tout ce qui fait gagner ce parti aux élections actuellement. Ce qui le fait gagner, ce sont des gens normaux, qui n’en ont rien à faire de la couleur de peau, mais qui veulent tout simplement vivre en paix, et qui ne le peuvent plus.

Notes sur les programmes des principaux partis

Regardons très rapidement l’essentiel des mesures proposées par les trois principaux partis : les Macronistes, le Front Populaire et le Rassemblement National.

Je ne vais pas m’attarder sur le premier, on connaît déjà le programme, pour en avoir mangé jusqu’à plus soif depuis 7 ans.

Du côté du Front Populaire, les mesures phares sont la lutte pour le pouvoir d’achat par la taxation des riches, le soutien à l’Ukraine et à la Palestine, des mesures écologistes, la lutte contre le racisme – et un soutien non dissimulé à la continuation de l’immigration telle qu’elle existe aujourd’hui.

En face, que propose le Rassemblement National qui attire les votes ? Simple. « Virons les immigrés, en particulier les délinquants, pour assurer la sécurité des Français ». C’est à peu près tout ce que lit un votant moyen du RN aujourd’hui. Tout le reste est du blabla. Il y a aussi quelques mesures de soutien du pouvoir d’achat, qui peuvent inciter les couches les plus basses de la population à voter pour le RN, et d’une certaine façon ces mesures sont en fait très compatibles avec celles que propose le Front Populaire.

Petit aparté, que mes lecteurs connaissent déjà mais qu’il est toujours bon de rappeler : évidemment, en terme d’aides sociales, il y a des abus, en particulier par des personnes issues de l’immigration. En revanche, lorsqu’on regarde le budget de l’État, cela ne coûte presque rien comparé au manque à gagner de l’évasion fiscale. On n’est pas dans les mêmes ordres de grandeur : une bonne centaine de milliards d’euros pour l’évasion fiscale, quelques centaines de millions d’euros pour la fraude sociale. Mais en terme d’injustice, c’est beaucoup plus facile de comparer une personne qui travaille en usine avec un glandeur qui pourrait travailler à l’usine et qui a fait le choix de vivre d’aides à la place. D’où ce grand sentiment de malaise bien plus grand vis-à-vis des « petits assistés qui pourraient bosser comme moi » que vis-à-vis de l’évasion fiscale – la plupart des gens ne comprennent même pas comment elle fonctionne.

Analyse critique des programmes

Là encore, je sors un joker pour le programme des Macronistes, on a parfaitement vécu la destruction méticuleuse de la France à l’œuvre ces dernières années.

En revanche, pour les deux autres, on peut faire une observation frappante : on dirait que le Père Noël est en train de distribuer les cadeaux. Que ce soit pour le FP ou le RN, ces programmes sont tout simplement impossibles à financer – d’ailleurs côté RN on commence déjà à voir des rétro-pédalages tellement tout ça paraît trop énorme. Par ailleurs, aucun de ces deux programmes ne peut être mis en œuvre dans le cadre de l’Union Européenne. Et pourtant, aucune des deux coalitions ne mentionne une sortie de l’Union, elles sont toutes deux plus européistes que jamais. Évidemment, personne ne parle de création monétaire, mère de tous les maux…

Il faut dire que, vu le calendrier serré pour obtenir un consensus, que ce soit à droite comme à gauche, on voit bien que, de chaque côté, on a ratissé large quitte à faire dans l’excès : plus c’est gros, plus ça passe.

Le vide sur un thème…

On observe qu’il y a un vide abyssal sur un thème à gauche : celui de la sécurité. Bien sûr, le raccourci « c’est les immigrés le principal problème de la sécurité » est sujet à débat, mais le fait est que la gauche montre par son laxisme tant dans son programme aujourd’hui que lorsqu’elle était au pouvoir hier qu’on ne peut pas lui faire confiance sur ce terrain. Alors, le reste n’étant qu’une vaste distribution de bonbons, tous ceux qui ne se sentent pas en sécurité en rentrant chez eux le soir, tous ceux qui sont harcelés, les femmes qui n’osent plus mettre de jupe de peur d’être agressées, les profs qui ont peur de dire un mot de travers qui mènerait à leur égorgement, tout ce petit monde n’a pas vraiment le choix. Il y a qu’un seul parti qui les écoute.

La gauche dit : « vous avez le choix entre la démocratie et le nazisme », mais tout ce que ceux qui ne se sentent pas en sécurité entendent, c’est « vous avez le choix entre plus d’insécurité due au laxisme d’un côté et la sécurité au quotidien de l’autre » – même si on peut très clairement douter de la capacité du RN une fois au pouvoir de garantir la sécurité de chacun, il s’agit ici de perception plus que de réalité.

Comme toujours avec les partis politiques, un parti présente un menu fixe, et il suffit qu’on n’aime pas l’un des plats présentés pour être rejeté.

Les problèmes du programme de la gauche

Au-delà des promesses qui ne pourront être tenues à cause de l’explosion du budget, il y a d’autres problèmes qui effraient les électeurs.

Tout d’abord, le soutien inconditionnel aux Palestiniens et aux Ukrainiens. Ce sont des sujets internationaux complexes qui divisent, où tous les protagonistes ont des torts. Le RN, de son côté, est une vraie girouette sur ces sujets, ce qui le rend « neutre » du point de vue des électeurs qui n’entendent de toute façon que ce qu’ils veulent bien entendre.

La gauche se complaît toujours dans la posture morale de la « tolérance à tout prix », ou plus exactement de la « défense des faibles », et ce quels que soient leurs torts. Mais cette posture telle qu’elle est mise en pratique est une imposture : oui, dénoncer les abus et discriminations, c’est vertueux, mais alors où est l’indignation générale face à une gamine de 12 ans violée parce qu’elle est juive, où sont les protestations lorsque, tous les jours, des gens qui n’ont rien demandé se font agresser dans la rue par des racailles ? Ne pas condamner et en même temps minimiser ces faits, cela détruit totalement la posture morale en question. Car il faut se rendre à l’évidence, une large partie de la population n’est plus du tout d’accord pour dire qu’il ne s’agit là que d’anecdotes. Et si effectivement les discriminations contre les musulmans posent problème en France, cela n’est pas une bonne raison pour ignorer toutes des autres discriminations et intolérances.

Alors, comment faire barrage ?

La gauche veut faire barrage à l’extrême droite. Les militants de gauche vont-ils tabasser ceux qui ne votent pas comme ils le veulent pour faire barrage ? Un vote est un vote, c’est ça la démocratie !

Et pourtant, la recette pour faire barrage est très simple.

Il suffit que la gauche reconnaisse ouvertement les problèmes qui poussent une grande partie des électeurs à voter malgré eux pour le Rassemblement National, faute de trouver des solutions à leurs problèmes principaux dans les programmes des autres partis. Et ce sans renoncer aux valeurs principales que nous devons porter.

Immigration

Il est très rassurant de se mettre dans la posture du « camp du bien, de la générosité et de la tolérance » qui combat le racisme, l’intolérance et l’égoïsme. Pourtant, dans le cadre de l’immigration en France, il s’agit de comprendre les tenants et les aboutissants et les enjeux.

Il faut reconnaître que l’immigration incontrôlée fait du mal à la France car laisser rentrer sans discrimination des violeurs, des malades mentaux et des assassins est tout simplement criminel – et non je ne dis pas que tous les immigrés le sont, je dis simplement que laisser rentrer tout le monde, y compris les délinquants, est de la trahison et de la folie pure.

Par ailleurs, un pays devient ce que sont ses habitants. Or, nous devrions être intransigeants avec les mentalités des gens que nous acceptons dans notre pays. Car en étant tolérants avec l’intolérance, nous construisons un pays au futur intolérant. Ni plus, ni moins.

Au passage, l’immigration incontrôlée ne résout absolument pas les problèmes de pauvreté dans les pays d’où viennent ces immigrés, les plus pauvres n’ont de toute façon pas de quoi se payer un passeur. On repassera pour la posture « morale ». Et toujours au passage, cette immigration fait le jeu de ceux-là mêmes que la gauche est censée combattre : les grands patrons qui adorent l’arrivée le main d’œuvre pas chère venant faire concurrence aux travailleurs locaux et baissant drastiquement les salaires tout en favorisant le chômage à cause de l’explosion du travail au noir d’immigrants qui sont prêts à souffrir toutes les conditions pour gagner leur pain.

Est-ce qu’exposer tout cela est une position raciste et intolérante ? Pas du tout, c’est du simple bon sens.

Insécurité

Sur le thème de l’insécurité, il est tout aussi simple de dire que la sécurité des citoyens, quelle que soit leur origine, couleur de peau, que sais-je, doit être assurée, et ce par tous les moyens. Il ne devrait pas être tolérable qu’un citoyen lambda se fasse menacer, racketter, attaquer, violer, dans certaines zones du pays et ce de plus en plus fréquemment, sans aucune condamnation – en tout cas on ne voit pas autant d’indignation que lorsque ça se passe mal pour un multi-récidiviste venant de résister à une arrestation. Dans tous les pays du monde, c’est une très mauvaise idée de tenter de résister violemment face à des hommes armés.

Tout délinquant, quelle que soit sa couleur de peau ou ses croyances, devrait être puni sévèrement. Y compris s’il est mineur. Il n’y a pas de tolérance à avoir envers quelqu’un qui se permet de terroriser ou violenter autrui, aucune circonstance atténuante vis-à-vis d’un acte gratuit, vis-à-vis des violences faites aux femmes y compris dans la sphère privée. Aucune tolérance non plus vis-à-vis de tous les trafics, que ce soit de drogue, d’armes ou d’humains. Il faut et il suffit de prendre une posture d’intransigeance vis-à-vis de toutes ces violences qui rongent et consument la société française et qui sont la principale raison du vote radical à droite.

Suis-je raciste en disant tout cela ? Où se trouve un quelconque racisme dans mes propos ? Je ne parle pas de race, mais de comportement et de respect. La tolérance n’est valide que si elle est réellement respectée.

Tolérance – mais pas à géométrie variable !

Par ailleurs, les valeurs de tolérance que nous devrions porter devraient faire en sorte que les croyances de chacun soient réellement respectées – tant que ces croyances ne représentent justement pas un danger pour la tolérance si chère au peuple français. Et cette tolérance vaut pour tous : que ce soit le racisme anti-maghrébin évidemment, mais aussi de manière parfaitement égale le racisme anti-noir ou anti-juif, que ce soit le racisme anti-blanc ou anti-asiatique, que ce soit le rejet des valeurs de la République au profit d’autres lois, que ce soit des prêches violemment anti-français, l’imposition de « lois » totalement contraires aux valeurs de la France dans certaines partie du territoire ou encore l’intimidation en raison de l’apparence ou des croyances… tout cela n’a pas sa place en France. Il n’y a pas un racisme plus important qu’un autre ou une intolérance plus importante qu’une autre – toute intolérance doit être combattue avec autant de fermeté que les autres.

Est-ce raciste de dire tout cela ? Non, c’est exactement l’inverse, c’est de l’anti-racisme sans discriminations – formule totalement aberrante tellement elle est redondante, mais les postures de la « gauche » de ces dernières décennies font que je me sens obligé de le préciser ! Et la plupart des Maghrébins et autres immigrés qui se reconnaissent dans les valeurs de la France sont même les premiers à condamner tous ces comportements – comble de l’ironie, certains d’entre-eux en ont tellement assez du laxisme de la gauche qu’ils se voient eux-mêmes contraints de voter pour l’extrême droite.

À partir du moment où on combat toute intolérance, on doit aussi combattre l’intolérance d’une partie des Ukrainiens vis-à-vis de leurs compatriotes russophones depuis 2013 et donc reconnaître qu’il y a bien deux facettes dans la guerre en Ukraine. Dans la même logique, on doit aussi combattre la violence d’une partie des Palestiniens et des musulmans vis-à-vis des juifs et condamner les appel de type « de la montagne à la mer » qui ne sont ni plus ni moins que l’appel au meurtre de millions de personnes. Il va sans dire que nous devons tout autant combattre la violence d’Israël vis-à-vis des Palestiniens, ou la violence de la Russie de Poutine contre l’Ukraine. Toutes ces violences doivent être combattues, et le meilleur moyen de les combattre est d’œuvrer pour des cesser-le-feu et la condamnation de toutes les violences sans aucune exception, au lieu d’armer la guerre.

Des exemples…

Tout cela est-il infaisable quand on se réclame « de gauche » ? En fait, les pays scandinaves ont déjà montré l’exemple. Au Danemark, il y a une politique stricte d’immigration depuis des décennies déjà, et les gens votent à gauche, ce n’est pas incompatible. En Suède, face aux violents problèmes rencontrés ces dernières années face à une immigration incontrôlée, c’est la gauche qui a pris les décisions qui s’imposaient. Résultat, les gens votent encore à gauche.

Être « de gauche » ne devrait pas être synonyme de « laxiste » voire même « naïf ». D’ailleurs, en Italie, le même comportement de la gauche qu’en France s’est soldé par une victoire de l’« extrême droite », qui une fois au pouvoir est tout de même très loin des bruits de bottes tant craints par ses opposants. Meloni est d’ailleurs je pense très représentative de notre « extrême droite » française : malgré les grands slogans, elle est européiste, mondialiste, à la botte des États-Unis. C’est d’ailleurs elle qui vient remettre papa dans ses bottes lorsqu’il s’égare, avec l’approbation de notre Jupiter national.

Conclusion

Malheureusement, je crains d’avoir déjà perdu lors de la lecture de cette article une large majorité des militants de gauche, j’estime qu’il n’y a aucune chance que la gauche française, dans son état actuel, adopte cette posture neutre, non partisane, non ambiguë, pourtant pleine de bon sens.

Saper le vote RN n’a jamais été aussi simple, en retirant à ce parti les principales motivations de la majorité de ses électeurs actuels, tout en conservant les valeurs de la France.

La « gauche » française, au lieu de faire barrage à l’extrême droite, en est le principal promoteur – et je fais le pari que ce n’est malheureusement pas près de changer.