Petit message aux gilets jaunes

La mobilisation, c’est excellent. Toute personne un peu saine d’esprit aura déjà compris que les gilets jaunes n’ont pas la hausse du carburant pour seule ni même principale revendication. C’est un raz-le-bol général de ne pas pouvoir boucler les fins de mois pendant que d’autres se gavent en haut. Ce sont les comparaisons et les inégalités criantes qui provoquent la frustration et la colère.

On n’obtient réellement quelque chose qu’en mettant des revendications claires sur la table. Beaucoup de gens savent qu’ils ne sont pas contents, mais ils ne savent pas exactement identifier le problème, en fait ils ont tellement de problèmes devant leurs yeux qu’ils ne savent plus où donner de la tête : les taxes et prélèvements atteignent des records alors que les salaires ne bougent pas ; le chômage et la précarité de l’emploi terrifie tout le monde ; la justice ne fonctionne pas ; l’insécurité et la violence y compris policière est partout ; l’État est surendetté et on se sait pas où cela va nous conduire ; l’État ne protège que les multinationales au détriment de la santé et de l’environnement et punit tous les lanceurs d’alertes ; l’éducation, les hôpitaux, les transports, tous les services publics sont exsangues ; la liste est bien trop longue pour continuer ici… il y a de quoi en perdre la boule. Une bonne partie est recensée dans mon roman « Le Président Providentiel ».

Malheureusement, faire la révolution sans but bien défini ne conduit toujours qu’à la récupération du mouvement par les élites. Rappelons-nous 1789 en France et 1917 en Russie.

J’entends à droite et à gauche « Macron, Démission » ou encore ceux qui appellent tout le gouvernement à démissionner. Mais qui vont-ils mettre à la place ? Sarko ? Hollande ? Ségolène ? Juppé ? Copé ? Bayrou ? La vraie réponse est que le ou la suivante, quel qu’il soit, fera à nouveau la même politique. À vrai dire, il n’aura pas bien le choix vu que la France a perdu sa souveraineté (comme on le voit aujourd’hui avec l’Europe qui fait plier l’Italie et comme je le rappelle dans mon roman). Seul Asselineau propose de sortir de l’Union Européenne, ce qui devrait nous redonner un peu de mou pour quelques temps. Mais c’est reculer pour mieux sauter. Quoi après lui ? Des élus, comme toujours, qui tireront la couverture à eux, lentement, irrésistiblement, pour qu’on en revienne à nouveau au même point. Et ce depuis plus de 200 ans. Multiples soulèvements populaires au XVIIIème siècle, puis 1936, 1968. À chaque fois, le système retourne ensuite dans son état primaire qui est de servir l’aristocratie et non le peuple. Chassez le naturel, il revient au galop.

Du coup, un petit rappel s’impose. L’élection est un système aristocratique, dans lequel les élites gouvernent toujours, le peuple n’ayant au quotidien aucun moyen de faire entendre sa voix. Nous en avons 200 ans de preuves, et d’autres dans chaque recoin de notre planète avec ses beaux ersatz de « démocraties ». Les élections de représentants sont toujours biaisées, puis qu’il est toujours simple d’acheter des voix. Et une fois élu, le nouveau roi fait bien ce qui lui chante.

La question qui se pose est donc : se rebiffer jusqu’à en mourir comme cette pauvre dame écrasée sous une voiture le samedi 17, d’accord, mais pour quoi ?

Changer de monnaie pourrait être une revendication valable mais on peut déjà le faire à titre individuel par la monnaie libre et la Ğ1. N’attendons rien du gouvernement de ce côté-là.

Il reste tout de même une cause essentielle au niveau de l’État, qui supplante toutes les autres : la Constitution. Par le simple fait que les élus l’écrivent, ils nous rendent impuissants. Ils se votent leurs propres augmentations, en augmentant simultanément les taxes du peuple, tout en autorisant la fuite toujours plus grande des capitaux à l’étranger (80 milliards d’euros par an il y a quelques années, en 2017 c’était 100 milliards). C’est mécanique. Ils ont le pouvoir. Ils vivent pour le pouvoir. Et ils feront tout pour le garder. On doit le leur reprendre. Et ce n’est pas une utopie, c’est tout-à-fait possible. Il suffit de porter clairement la revendication haut et fort.

C’est donc en allant protester devant les bâtiments des institutions à grand bruit que l’on peut revendiquer quelque chose au niveau des institutions. Certainement pas en se mettant à dos les automobilistes qui tentent de passer.

Réécrire la Constitution, c’était la principale revendication des Islandais pendant la révolution des casseroles. Ils ont effectivement fait écrire une nouvelle constitution par des citoyens, mais le projet a été bloqué ensuite par le Parlement une fois la pression populaire retombée. Ne jamais baisser la garde.

Il faudra donc s’assurer que le projet est mené à terme. Mais pour commencer, il s’agit de l’initier en rassemblant tout le monde derrière une même idée : faire réécrire la Constitution par le peuple. Ce n’est qu’à cette condition qu’on pourra réellement sortir enfin du bourbier. Toutes les autres revendications sont annexes, temporaires, contre-productives à long terme.

J’ai écrit « Le Président Providentiel » pour montrer à quel point le système est impossible à réformer sans mettre un coup de pied dans la fourmilière, et surtout pour que le lecteur prenne conscience des problèmes générés par le système tout en proposant des ébauches de solutions, qui existent en grand nombre mais se sont pas toujours des recettes miracles. Et aussi pour rappeler que chacun de nos gestes quotidiens pèse dans la balance.

L’aberration des partis politiques

Petit extrait de mon dernier roman, « Le Président Providentiel ».

L’un des personnages s’en prend au système des partis politiques, les accusant de pourrir la politique :

« La meilleure preuve, c’est que les Verts soient un parti. L’écologie devrait être au cœur du débat de tous les partis. On cloisonne totalement les idées au sein d’un parti. Au lieu de proposer les idées à la carte, on propose un menu 100 % poisson ou bien un menu 100 % viande. Si vous voulez du poisson en entrée mais de la viande en plat principal, c’est impossible. Ou bien on vous présente un menu végétarien dans lequel la seule boisson comprise est une bouteille de vin. Si vous voulez du jus de fruit, vous n’avez pas le choix, ça sera une bouteille de vin. Et on vous oblige à la boire ! Présenté comme ça, ça semble totalement absurde, c’est pourtant ce que font les partis politiques avec les idées. Jusqu’au point où si vous êtes écologiste alors vous devez forcément être d’accord sur tout le reste, ce qui est totalement farfelu. Vous avez des écologistes qui sont à droite, d’autres à gauche, certains sont pour l’immigration et d’autres contre, certains sont pro-européens et d’autres anti-européens, etc. Ben oui, les idées c’est pas au menu, c’est à la carte ! […] les partis politiques ne sont pas une solution à un problème, ils sont le problème. »

Les conséquences sur la politique du système des partis vont d’ailleurs même encore plus loin.

L’un des arguments généralement donné en faveur des partis est qu’ils rassemblent les gens autour d’une même idée, d’un même idéal. Force est de constater que cet argument ne tient pas une seconde : les partis font systématiquement naître des dissensions en leur sein, se séparant régulièrement en plusieurs partis, ou bien recréant un autre parti sous un autre nom, et ce dans une boucle sans fin. Sans compter bien sûr l’inévitable course des égos qui s’opposent pour diriger le parti, Graal de puissance…

La force des partis est justement de diviser la population, de l’empêcher de s’unir. Un parti fait systématiquement apparaître au sein du groupe des idées sur lesquelles les membres ne peuvent pas s’unir. Tout simplement parce que le menu est fixe et que tout membre du parti doit avaler jusqu’à la dernière goutte tout ce qu’il n’aime pas. Il n’y a donc pas meilleur moyen de diviser les gens à terme.

En revanche, une population entière peut se rassembler autour d’une idée, pour peu que cette idée soit bien choisie.

Un exemple de question pour formuler une bonne idée qui rassemble :

« Devons-nous laisser une minorité créer la monnaie et rester à jamais les esclaves de cette minorité ? »

Bien sûr, pour répondre à cette question et se rassembler derrière la réponse, il est indispensable de connaître le système de création monétaire actuel par la dette et ainsi connaître ses défauts. Combien de personnes connaissent réellement ce système ? Combien se demandent comment il fonctionne ? De mon expérience, une ultra minorité de la population seulement. Tout simplement parce que les médias ne mettent jamais, Ô Grand Jamais, la question de la création monétaire dans leurs programmes.

La Ğ1 et le concept de monnaie libre qui la porte est un exemple parfait d’idée rassembleuse : on trouve parmi les membres de la Ğ1 tout et son contraire, tous rassemblés autour d’une même idée, même s’ils ne sont potentiellement pas du tout d’accord sur tout le reste.