Le Great Reset En Marche (attachez vos ceintures, ça va secouer)

De retour de jet ski, Emmanuel Macron vient de s’exprimer sur ce qui nous attend Ă  la rentrĂ©e. Toute la rhĂ©torique du Great Reset de Klaus Schwab est lĂ .

Pour une fois, Macron ne semble plus du tout optimiste, ce qui n’est pas bon signe. Les couleuvres qu’il veut nous faire avaler sont sans aucun doute Ă  la hauteur de sa gravitĂ©. Mais oĂč est donc passĂ© l’Emmanuel Macron du « penser printemps » ?

L’Ă©volution en cours est en effet une formidable opportunitĂ© pour saisir au vol plein de chantiers dont on sait pertinemment qu’ils auraient un impact positif pour l’essentiel de la population.

« La fin de l’abondance des liquiditĂ©s sans coĂ»t »

Mais de quoi parle-t-il au juste ? Que je sache, je n’ai pas reçu de la monnaie tombĂ©e du ciel sur mon compte en banque !

En quelques mots, voici ce Ă  quoi il fait rĂ©fĂ©rence. VoilĂ  une quinzaine d’annĂ©es que les taux d’intĂ©rĂȘts bancaires n’ont cessĂ© de baisser, pour atteindre des taux nĂ©gatifs. En clair, lorsque la France emprunte de l’argent, elle doit parfois rembourser moins que ce qu’elle a empruntĂ© ! De plus, depuis une dizaine d’annĂ©es, la Banque Centrale EuropĂ©enne inonde le systĂšme financier et les marchĂ©s de monnaie toute fraĂźche qu’elle crĂ©e Ă  partir de rien. Tout cela, cela n’impacte directement ni vous ni moi. Indirectement, en revanche, cela a de nombreuses rĂ©percussions, dont la hausse des prix de l’immobilier – mais ce n’est pas le sujet de cet article.

Justement, les taux remontent fortement et la crĂ©ation monĂ©taire s’arrĂȘte ou ralentit. D’oĂč sa phrase, qui peut se rĂ©sumer Ă  : « la fin de l’abondance d’argent magique ». Une fin dont se rĂ©jouissait d’ailleurs il y a peu Bruno Le Maire, qui ne semblait pas avoir compris ce que cela impliquait Ă  moyen et long terme pour la France, vouĂ©e Ă  crouler sous la dette.

La fin de l’argent magique implique que la France ne pourra de toute façon jamais rembourser sa dette – elle ne le pouvait dĂ©jĂ  pas avec les politiques extrĂȘmement complaisantes de la BCE, mais cette fois les carottes sont cuites ! Il va donc falloir prendre le taureau par les cornes et trouver des solutions.

La plus simple et qui ne coĂ»te rien est dĂ©jĂ  de se rĂ©approprier le pouvoir rĂ©galien de crĂ©ation monĂ©taire, ce qui nous Ă©viterait de donner des dizaines de milliards d’euros d’intĂ©rĂȘts au systĂšme bancaire chaque annĂ©e.

Bien sûr, il va falloir trouver des milliards pour renflouer les caisses. Or, il y en a à foison :

  • en jugulant l’Ă©vasion fiscale, c’est pas moins de 100 milliards d’euros par an de recettes que nous pourrions trouver, et encore ce n’est qu’en tapant dans l’optimisation fiscale, on pourrait parfaitement envisager d’augmenter les taxes et de rĂ©tablir l’ISF, par exemple, puisque l’État est en difficultĂ©, il n’y a pas de raison que les plus riches ne contribuent pas,
  • en arrĂȘtant les politiques de l’autruche, nous pourrions rĂ©cupĂ©rer plus de 400 milliards d’euros d’impayĂ©s de la part des secteurs de la grande distribution,
  • comme dit plus haut, le systĂšme bancaire, financier et en particulier les bourses ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de beaucoup d’argent magique ces derniĂšres annĂ©es, il y a donc Ă©normĂ©ment de monnaie en circulation, qui pourrait ĂȘtre captĂ© aisĂ©ment avec par exemple une micro-taxe sur les transactions financiĂšres, oĂč mĂȘme une taxe Ă  0,1 % (oui oui, un pour mille) permettrait de collecter des centaines de milliards d’euros tout en limitant la spĂ©culation,
  • cette annĂ©e, les rentiers ont perçu plus de 44 milliards d’euros en France, tout cela sans rien faire ni produire, seulement en plaçant du capital, qui on le rappelle a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’argent magique depuis plus de 10 ans, pas Ă©tonnant que les bourses se portent Ă  merveille pendant que l’Ă©conomie rĂ©elle souffre comme jamais depuis des dĂ©cennies.

De l’argent, il y en a Ă  foison. Et ce n’est pas M. et Mme Michu qui vont rapporter des centaines de milliards nĂ©cessaires


« 
 les produits, technologies qui nous semblaient perpĂ©tuellement disponibles », ne le sont plus

C’est une excellente nouvelle. Cela fait prendre conscience que notre modĂšle Ă©conomique, basĂ© sur une infinitĂ© de ressources, mĂ©rite d’ĂȘtre revisitĂ©. Cela permettrait peut-ĂȘtre de ne plus courir directement dans le mur Ă  l’avenir.

Par ailleurs, cela peut Ă©galement amener des rĂ©flexions qui permettrait enfin Ă  l’État de lutter de maniĂšre sĂ©rieuse contre l’obsolescence programmĂ©e.

« la rareté de tel ou tel matériau »

LĂ  encore, c’est une excellente nouvelle. Cela ne peut conduire qu’Ă  favoriser le recyclage, la rĂ©utilisation plutĂŽt que de jeter, ce qui veut dire que les gens auront moins souvent Ă  racheter encore et encore le mĂȘme produit qui tombe en panne. Personnellement, je trouve tout cela extrĂȘmement positif ! Pour peu, bien Ă©videmment, que le Gouvernement prenne les dispositions Ă©videntes qui s’imposent.

« la fin de l’abondance de l’eau »

Pour commencer, l’annĂ©e 2022 est exceptionnelle en terme de pluviomĂ©trie. Comme l’indique le site de MĂ©tĂ©o France, c’est l’annĂ©e la plus sĂšche depuis 1959 :

On pourrait se faire vraiment beaucoup de soucis s’il y avait une tendance sur le long terme Ă  avoir moins de pluie, mais ce graphique ne montre rien de tel. C’est juste une annĂ©e totalement exceptionnelle en terme de sĂ©cheresse. Bien sĂ»r, il y a beaucoup d’autres facteurs qui peuvent poser problĂšme, dont l’augmentation des tempĂ©ratures, mais en terme d’eau, rien ne permet de dire que cela va empirer d’annĂ©e en annĂ©e. À ce stade, c’est totalement conjoncturel et exceptionnel.

Ensuite, c’est malgrĂ© tout encore une bonne nouvelle, car il va peut-ĂȘtre ĂȘtre temps de taper sur ces industriels qui se gavent sur la financiarisation de l’eau, et qui privent nos sols d’une partie de l’eau qui devrait s’y Ă©couler en pompant les nappes phrĂ©atiques comme des grands malades, et donc dĂ©truisent l’environnement tout en mettant en danger les populations locales.

L’autre excellente nouvelle, c’est que la gestion de l’eau ne peut que mettre en Ă©vidence un phĂ©nomĂšne connexe : rĂ©habiliter les sols en choisissant des solutions permacoles au lieu de dĂ©verser des pesticides Ă  tout va ce qui dĂ©truit les sols, la santĂ© des humains et toute la chaĂźne alimentaire, comme les abeilles. En effet, bourrer les sols de pesticides les rendent stĂ©riles et les empĂȘchent de capter l’eau. C’est trĂšs simple : s’il n’y a pas de vers de terre pour crĂ©er des galeries, le sol devient comme un roc sur lequel l’eau s’Ă©coule au lieu de s’y infiltrer. Cela a de nombreux effets pervers :

  • les nappes phrĂ©atiques ne se remplissent plus, et ce malgrĂ© la pluie
  • le sous-sol n’est plus irriguĂ©, ce qui oblige Ă  arroser les plantations en surface, or tout ce qui est en surface s’Ă©vapore plus vite, ce qui accentue encore davantage le problĂšme,
  • en ruisselant, l’eau crĂ©e des inondations beaucoup plus violentes que si elle pĂ©nĂ©trait en partie dans le sol et restait sur place, ce qui explique pourquoi nous sommes de plus en plus souvent inondĂ©s.

Il y a donc une vraie rĂ©flexion autour de la gestion de l’eau sur les systĂšmes agricoles que nous mettons en place. L’agriculture de conservation, par exemple, promue par Konrad Schreiber en France, a de nombreuses rĂ©ponses sur le sujet, c’est l’occasion d’ouvrir le dĂ©bat !

« la fin des Ă©vidences [
] la dĂ©mocratie, les droits de l’homme, si d’aucuns pensaient que c’Ă©tait la tĂ©lĂ©ologie* de l’ordre international »

(* ou comment utiliser un mot savant, en faisant une pause pleine de suffisance ensuite, sans comprendre le mot
 car la « tĂ©lĂ©ologie » est la science, l’Ă©tude des finalitĂ©s, ce qui n’est vraisemblablement pas du tout ce qu’il voulait dire ici)

Alors non, je peux rassurer M. Macron. Nous ne pensons pas que la norme Ă  l’Ă©chelle internationale est « la dĂ©mocratie » et « les droits de l’homme ». Bien sĂ»r, on peut penser Ă  certains pays africains oĂč la « dĂ©mocratie » est bien loin des prĂ©occupations quotidiennes de la population, mais Ă©videmment viennent immĂ©diatement Ă  l’esprit la CorĂ©e du Nord, la Chine ou la Russie, dont on nous rabat sans cesse les oreilles que ce sont des dictatures sanguinaires.

Mais non, cher Emmanuel, ce n’est pas du tout Ă  tous ces pays auxquels je pense lorsque le mot « dĂ©mocratie » ou l’expression « droits de l’homme » sortent de ta bouche. C’est Ă  la France. Ma France dĂ©chirĂ©e, les mains arrachĂ©es, les yeux crevĂ©s de ces gens qui voulaient simplement user de leur droit Ă  s’opposer au monarque jupitĂ©rien, qui n’a eu qu’une seule et unique rĂ©ponse : opprimer, par tous les moyens, quitte Ă  faire couler le sang. Est-ce cela, ta dĂ©mocratie ? Je pense aussi Ă  ces fameuses « Ă©lections » censĂ©es garantir la soit-disant « dĂ©mocratie », et qui se jouent avec des dĂ©s pipĂ©s. Non, Ă  part les naĂŻfs, personne ne croit encore ces mensonges de « dĂ©mocratie » et de « droits de l’homme ».

« la montée des régimes libéraux »

Alors, trĂšs franchement, je ne m’attendais pas Ă  ce lapsus. Car s’il y a bien une montĂ©e d’un rĂ©gime libĂ©ral Ă  marche forcĂ©e, si j’ose dire, c’est bien en France ! Et sous sa propre direction ! Magnifique ! Tout cela poursuivi par « le renforcement des rĂ©gimes autoritaires »  dont le sien fait partie.

« la fin d’une forme d’insouciance »

Ah, enfin, les politiciens vont en finir avec l’insouciance, celle de laisser mourir de faim ou de froid leurs compatriotes, par exemple. VoilĂ  qui est excellent ! Enfin, ils vont rĂ©ellement prendre le taureau par les cornes et faire bouger les lignes pour prendre les dĂ©cisions qui s’imposent pour protĂ©ger le peuple, ce qui est et a toujours Ă©tĂ© leur devoir le plus impĂ©rieux. Bien sĂ»r, en « dĂ©mocratie », lĂ  oĂč les « Ă©lus » Ɠuvrent pour le peuple. Bien sĂ»r.

« La guerre a repris il y a six mois en Europe »

La faute Ă  qui ? Qui n’a pas rĂ©ussi Ă  faire respecter les accords de Minsk ? Qui a toujours soutenu le pourtant si corrompu et menteur Zelensky et sa clique depuis toutes ces annĂ©es ? Qui a totalement laissĂ© pourrir la situation au Donbas au point oĂč il devenait Ă©vident que cela exploserait un jour ou l’autre ?

Peut-ĂȘtre aussi n’Ă©tait-ce pas vraiment une excellente idĂ©e de dire Ă  Poutine, quatre jour avant le dĂ©but de la guerre, « je ne sais pas oĂč ton juriste a appris le droit ». Sachant que Poutine a lui-mĂȘme fait des Ă©tudes de droit. En faisant semblant de jouer l’apaisement, notre Emmanuel national a au contraire montrĂ© qu’il n’y avait absolument aucun terrain d’entente, aucune nĂ©gociation possible. Au passage, Poutine lui a bien rappelĂ© que, pendant toutes ces annĂ©es, Macron n’a fait que brasser du vent, verbatim : « Je sais (que tu essaies de convaincre les Ukrainiens), mais ce n’est pas efficace ». Du vent. Un ventilateur gĂ©ant.

Cet homme ne sait que provoquer, il est bien possible qu’il ait d’ailleurs tellement exaspĂ©rĂ© l’ours qu’il ait prĂ©cipitĂ© les choses. Au passage, le vocabulaire russe s’est enrichi depuis quelques mois d’un nouveau verbe, « macronit’ », qui veut dire « blablater pendant des heures pour te jouer du pipeau ». TrĂšs reprĂ©sentatif.

On va me dire que, au contraire, Macron a tout fait pour Ă©viter la guerre, en tentant de maintenir le dialogue. Mais pour qu’un dialogue ait des effets positifs, il faut qu’il soit suivi d’actes. Un dialogue oĂč on tourne en rond et on pique l’adversaire sans arrĂȘt, tout en agissant Ă  l’inverse de ce qu’on prĂŽne, ne mĂšne qu’Ă  la frustration. Il s’est posĂ© en « nĂ©gociateur principal », et il faut se rendre Ă  l’Ă©vidence, depuis qu’il l’a fait, tout s’est prĂ©cipitĂ©.

« Pour beaucoup de gĂ©nĂ©rations dans notre pays, la guerre Ă©tait une rĂ©alitĂ© qui n’existait plus sur le sol europĂ©en »

Pourtant, nous avons eu la guerre des Balkans, il n’y a pas si longtemps. C’est beaucoup plus proche de la France que l’Ukraine. Au passage, si l’on parle de l’Europe gĂ©ographique, la TchĂ©tchĂ©nie en fait partie, et a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre de deux guerres sanglantes depuis moins de 30 ans.

Mais surtout, notre prĂ©sident ment lorsqu’il dit que la guerre est revenue en Europe depuis si longtemps que des gĂ©nĂ©rations ont oubliĂ© ce que c’Ă©tait. Il devrait peut-ĂȘtre en parler Ă  ces enfants nĂ©s depuis 2014 dans l’est ukrainien, qui n’ont connu que ça pendant toute leur vie : les bombardements, la dĂ©solation, l’abri sous-terrain qui est leur seule maison. Mais c’est loin, et tout le monde s’en fout. Depuis que la Russie est entrĂ©e officiellement dans la danse, bien sĂ»r cela donne une dimension nouvelle au conflit. Mais avant l’intervention russe, la guerre dans le Donbas avait dĂ©jĂ  fait 13.000 morts. 13.000 morts tus dans tous les mĂ©dias, comme s’ils n’avaient jamais existĂ©. Comme s’il n’y avait jamais eu de guerre lĂ -bas avant le 24 fĂ©vrier 2022.

Pour revenir Ă  la France, nous avons Ă©galement la guĂ©rilla dans certains coins de notre pays, qui n’est pas une guerre Ă  coups de chars, mais qui crĂ©e une insĂ©curitĂ© latente pour beaucoup de Français. Et 2005, oĂč des policiers se sont fait tirer dessus Ă  balles rĂ©elles, suivi de couvre-feux et Ă©tat d’urgence, n’est pas si lointain non plus, et encore dans les mĂ©moires de tous.

Quant aux attentats, que ce soit Ă  Nice en 2016 ou au Bataclan en 2015, mĂȘme s’ils ne laissent pas des traces aussi persistantes dans les esprits qu’une guerre, c’est un traumatisme psychologique pour une grande partie de la population, en particulier avec tout le battage mĂ©diatique qui accompagne ce genre d’Ă©vĂ©nements. Et bien sĂ»r, l’Ă©tat d’urgence, reconduit d’annĂ©e en annĂ©e sous divers prĂ©textes, est tout sauf le symptĂŽme d’un pays paisible et harmonieux.

Alors, la guerre pour un EuropĂ©en, c’est autre chose que pĂ©pĂ© qui raconte ses aventures dans le maquis en 1944. Et au final, la guerre en Ukraine ne nous touche physiquement pas plus qu’une bombe au Yemen, un missile en Palestine ou en IsraĂ«l, ou qu’une incursion de Boko Haram faisant 100 morts au Nigeria. C’est loin. À des milliers de kilomĂštres. Comme dirait l’autre, ça nous en touche une sans faire bouger l’autre. La guerre en Ukraine nous touche mĂȘme moins qu’un vol Ă  main armĂ©e dans l’Ă©picerie au coin de la rue – ou l’incursion de cambrioleurs dans son logement, il y a plusieurs centaines de milliers de cambriolages en France chaque annĂ©e !

L’insouciance, elle n’est pas vraiment lĂ , Manu.

« La crise climatique »

Ah, oui, il ne fallait pas l’oublier, celle-la. Nous allons donc enfin appeler les industriels Ă  arrĂȘter leurs pollutions, puisque ce sont eux les plus pollueurs ? Relocaliser nos productions pour Ă©viter d’avoir recours Ă  des monstres marins qui polluent plus que toutes nos voitures rĂ©unies ? Taxer enfin le kĂ©rozĂšne, responsable de beaucoup plus de pollution que le vĂ©lomoteur de papy ?

« Face à cela, je pense que nous avons quelques devoirs »

Ses devoirs, il les conçoit pour « rĂ©duire l’anxiĂ©tĂ© » de ses compatriotes. Mais Capitaine, on n’en veut plus de ton vent ! On veut des actes, il y a plein de solutions, que certains mettent d’ailleurs courageusement en Ɠuvre de leur cĂŽtĂ© sans t’attendre. Mais pour que ces solutions aient un rĂ©el impact, il faut une impulsion forte qui touche le plus grand nombre.

Pour cela, il faudrait dĂ©jĂ  rĂ©soudre la plus grosse cause de pollution et de destruction : la crĂ©ation monĂ©taire par les banques privĂ©es. Car comme cette crĂ©ation monĂ©taire s’accompagne d’une exigence de rentabilitĂ© qui met en concurrence tous les acteurs de l’Ă©conomie, c’est Ă  cause d’elle que :

  • la guerre est financĂ©e sans compter, car on ne peut se permettre d’ĂȘtre en retard par rapport Ă  l’ennemi, et c’est l’État qui rĂ©gale donc aucune limite ne saurait le brider,
  • le pillage des ressources accĂ©lĂšre, car il n’y a rien de plus lucratif que de creuser le sol et y extraire or, diamant, palladium, 
 et eau !
  • tout ce qui saccage l’environnement est privilĂ©giĂ©, au dĂ©triment de tout ce qui pourrait le prĂ©server, car il est beaucoup plus rentable de jeter des dĂ©chets toxiques dans la riviĂšre d’Ă  cĂŽtĂ© que de les traiter pour s’en dĂ©barrasser de maniĂšre propre,
  • nous dĂ©truisons nos sols, car il vaut mieux rendre les paysans dĂ©pendants d’engrais, de semences infertiles, et de pesticides, pour les traire comme des vaches Ă  lait, plutĂŽt que de les laisser se dĂ©brouiller avec MĂšre Nature, qui elle ne rapporte pas grand-chose lorsqu’elle fait pousser toute seule l’abondance.

Et Ă  l’inverse, c’est cette mĂȘme crĂ©ation monĂ©taire assortie de rendements qui bride tout ce qui pourrait ĂȘtre bĂ©nĂ©fique pour les 99,999 % de la population humaine :

  • l’Ă©ducation, et je parle bien d’un systĂšme Ă©ducatif oĂč l’on apprend Ă  penser et raisonner par soi-mĂȘme, en remettant tout en question sans avoir peur des vĂ©ritĂ©s qui fĂąchent, car il ne faudrait tout de mĂȘme pas que Monsieur Tout-Le-Monde comprenne comment fonctionne le systĂšme, il y aurait une rĂ©volution immĂ©diatement !
  • la santĂ©, devenue comme tout le reste un outil Ă  traire les vaches Ă  lait et oĂč la maladie qu’il faut traiter est bien plus lucrative que la santĂ©, surtout si elle est chronique !
  • la nourriture, car un corps rempli de sucre, de pesticides, de micro-plastiques et autres colorants et conservateurs cancĂ©rigĂšnes est beaucoup plus susceptible de tomber dans la case « malade » – voir point prĂ©cĂ©dent -, et il est beaucoup plus facile de rendre accro au sucre et autres aspartame qu’au brocolis,
  • tout service public, Ă  l’instar des autoroutes, ou bien plus rĂ©cemment d’EDF, doit ĂȘtre dĂ©mantelĂ© sur l’autel de la libĂ©ralisation lorsqu’il fonctionne bien pour ĂȘtre trait, et ĂȘtre ensuite renationalisĂ© pour le renflouer avec l’argent du contribuable lorsqu’on l’a bien sucĂ© jusqu’Ă  la moelle,
  • les « vieux », dont il faut extraire le plus de jus possible avant de les laisser mourir.

Oui, la cause profonde de tous ces problĂšmes, c’est la crĂ©ation monĂ©taire par les banques privĂ©es, qui choisissent de financer ce qui est le plus rentable pour elles. Sans compter, Ă©videmment, le fait que les intĂ©rĂȘts qui doivent ĂȘtre rembourser en plus du crĂ©dit sont Ă  l’origine du besoin de « croissance », le Graal de tout Ă©conomiste.

Alors, cher Emmanuel, toi qui sembles prendre Ă  cƓur le bien-ĂȘtre de tes compatriotes, tu sais ce qui te reste Ă  faire !

En rĂ©alité 

Mais non, en rĂ©alitĂ©, tout cela ne provient que de l’imagination dĂ©bridĂ©e d’un Ă©crivain en mal de justice.

Ce qui nous sera proposé sera tout autre :

  • serrez-vous la ceinture sans broncher, bande de fainĂ©ants,
  • quant aux boomers qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© des trente glorieuses, on va leur diminuer leur pension, ils l’ont bien mĂ©ritĂ© !
  • l’inflation, prenez-lĂ  dans les dents avec sagesse, ne venez pas me demander si la Banque Centrale EuropĂ©enne y est pour quelque chose avec ses politiques de crĂ©ation monĂ©taire dĂ©bridĂ©es : c’est la faute Ă  Poutine de toute façon, ce dictateur sanguinaire !
  • chauffez-vous moins, et Ă©teignez votre wifi, bande de sales gamins gaspilleurs,
  • arrĂȘtez de partir en vacances, vous ferez des Ă©conomies et en plus vous polluerez moins – certains ne t’ont pas attendu pour trouver l’astuce, hein !
  • il serait temps d’arrĂȘter d’acheter le nouvel iphone avec l’aide de l’État pour les fournitures scolaires de vos enfants, bande d’irresponsables,
  • de toute façon vous n’ĂȘtes pas capables de gĂ©rer votre argent, nous allons donc saisir tout ce qui dĂ©passe sur vos comptes en banque, et on va mettre en place un revenu universel pour que vous fermiez votre grand clapet et que vous soyez Ă  jamais dĂ©pendants de l’État, sales Gaulois ; le premier qui l’ouvre je lui coupe le robinet monĂ©taire, hop !
  • vous avez une coupure d’Ă©lectricitĂ©, c’est la faute Ă  Poutine ! Pensez quand mĂȘme aux Ukrainiens qui vivent sous les bombes (russes bien sĂ»r, les Ukrainiens n’envoient que des glaces au chocolat), et si vous avez trop froid vous savez ce que c’est une couverture bande d’ignares ?
  • vous allez changer de voiture, la vĂŽtre est un danger public pour l’environnement, pour la planĂšte, pensez Ă  vos enfants, on doit vous interdire de rouler avec, pollueurs, terroristes du climat ! À la place, prenez une Ă©lectrique, mĂȘme si on n’arrive ni Ă  les produire assez vite, ni Ă  fournir les bornes de recharge sans compter qu’on n’a plus assez de courant de toute façon
 au pire achetez un vĂ©lo, vous rendrez service Ă  tout le monde ! Et pas un vĂ©lo Ă©lectrique, hein ! PĂ©dalez, bande de flemmards ! Vous pensez un peu aux pauvres enfants qui extraient le cobalt pour les batteries, hein, vous y pensez aux enfants ? Bon, moi je vais retourner dans mon avion avec la clim, y fait trop chaud. Et non, les clims on va les taxer un max car c’est dangereux pour l’environnement !
  • de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, moins vous possĂ©dez, plus vous serez heureux alors on va tout vous saisir car il faut bien renflouer les caisses de l’État avec cette dette colossale dont vous avez bĂ©nĂ©ficiĂ© pendant toutes ces dĂ©cennies, bande de profiteurs, hop plus de maison, patrimoine, sauf pour les copains, bien sĂ»r, qui continueront de toucher leurs milliards en dividendes.

Dans l’absolu, la plupart des courants philosophiques font l’Ă©loge de la sobriĂ©tĂ© heureuse, et il est tout-Ă -fait bĂ©nĂ©fique que chacun d’entre-nous apprenne Ă  se contenter de moins. Mais dans ce cas, il faudrait en faire une prioritĂ© nationale et l’appliquer Ă  tous. Car nous allons clairement avoir besoin de monnaie pour faire la transition Ă©cologique et la rĂ©industrialisation de la France.

Mais tout ce que savent faire les politiques, c’est culpabiliser la population. Les uns doivent se serrer la ceinture pendant que les autres vont faire du golf en jet privĂ©. Ou bien s’offrent de la vaisselle digne de Marie-Antoinette.

Attention, Emmanuel. Lorsque les efforts Ă©normes des uns sont totalement annihilĂ©s par les extravagances des autres, les tĂȘtes tombent.

La guerre contre le pétrodollar

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Depuis les accords de Bretton Woods en 1945, le monde entier est forcĂ© d’utiliser le dollar pour acheter des hydrocarbures. Pourtant, depuis les derniĂšres dĂ©cennies, un vent de contestation souffle de plus en plus fort contre cet Ă©tat de fait. À tel point qu’il n’est pas impossible que le roi pĂ©trodollar puisse ĂȘtre un jour dĂ©chu.

AprĂšs autant de sanctions de la part de l’Occident, la Russie tente par tous les moyens de continuer Ă  vendre son gaz Ă  l’Ă©tranger. Évidemment, son Ă©conomie a sĂ©rieusement besoin de rentrĂ©es d’argent pour Ă©quilibrer sa balance commerciale. Et les mesures qu’elle prend sont une tentative de dĂ©trĂŽner le pĂ©trodollar, ni plus ni moins.

La dette publique russe

La Russie est l’un des pays ayant la dette publique la plus faible au monde, comparĂ©e Ă  son PIB. Contrairement Ă  l’Occident qui vit littĂ©ralement sur la dette publique, la Russie a rĂ©ussi le tour de force de s’en dĂ©barrasser presque totalement.

OĂč donc se trouve la Russie sur cette spirale du monde de la dette ? (dĂ©solĂ©, c’est en anglais : Russia)

Indice : la Russie se trouve en périphérie, en bas à droite. Source : Visual Capitalist

On a entendu parler d’un dĂ©faut possible de la Russie, mais trĂšs sincĂšrement ça me paraĂźt ĂȘtre de la propagande. Oui, bien sĂ»r, les sanctions ainsi que les dĂ©penses liĂ©es Ă  la guerre vont sacrĂ©ment handicaper son Ă©conomie. L’Union EuropĂ©enne rigole en ce moment, en appliquant les sanctions ordonnĂ©es par les AmĂ©ricains, les unes aprĂšs les autres. Entre nous, je me demande combien de temps cela va durer. Cette simple image rĂ©sume la situation.

Les sanctions


L’usage de sanctions Ă©conomiques est assez rĂ©pandu, pourtant leur effet rĂ©el est plutĂŽt controversĂ©. Tout d’abord, les perspectives de sanctions, aussi dures soient-elles, n’ont pas empĂȘchĂ© Poutine d’envahir l’Ukraine. Ensuite, ceux qui prennent les sanctions de plein fouet sont les plus pauvres, pas les Ă©lites. On sait parfaitement que le rĂ©sultat principal des sanctions Ă©conomiques en gĂ©nĂ©ral est d’augmenter la pauvretĂ©.

Quant Ă  ce milliardaire qui se plaint qu’il ne peut plus payer sa bonne, je ne verserai pas une larme pour lui. Au passage, la plupart des oligarques russes Ă©taient en faveur de la guerre, car beaucoup craignaient de perdre du terrain si l’Ukraine venait Ă  prendre ses distances avec la Russie.

Mais surtout, il semblerait que l’Occident ait Ă©puisĂ© toutes ses cartouches d’un coup. Ce n’Ă©tait certainement pas une tactique trĂšs maline, car nous nous retrouvons maintenant dĂ©munis et sans aucun levier supplĂ©mentaire face Ă  la Russie. Cela a laissĂ© Ă  l’« ennemi » le temps d’Ă©laborer une contre-offensive adĂ©quate. Franchement, n’importe qui avec une paire de neurones sait qu’il ne faut pas jouer toutes ses cartes d’un coup. On dirait que ça ne fait pas partie des cours Ă  Science Po ou l’ENA. Quoi, ils ne jouaient mĂȘme pas aux cartes entre les cours, lĂ -bas ?


 ne servent à rien

Bien sĂ»r, on peut se dire que faire crever les populations de faim peut les inciter Ă  se retourner contre leurs dirigeants. RĂ©flĂ©chissons trois secondes. MĂȘme dans nos « dĂ©mocraties », si notre gouvernement dĂ©cide de se lancer dans une guerre, nous n’avons aucun poids pour l’en empĂȘcher. D’ailleurs, nos gouvernements prennent des mesures suicidaires envers la Russie, et nous ne pouvons rien y faire. Comment donc imaginer un instant que les Russes aient une quelconque chance d’arrĂȘter Vladimir Vladimirovitch Poutine ?

Mais il y a pire encore. Ces sanctions, particuliĂšrement violentes, sont le prĂ©texte parfait pour un dictateur de justifier ses actions. « Voyez comme nos ennemis sont haineux. Voyez comme j’ai bien raison de vous en protĂ©ger ! »

Il semblerait que nous soyons dirigĂ©s par des imbĂ©ciles sans un soupçon de bon sens. À moins peut-ĂȘtre qu’une guerre les arrange bien, histoire de dĂ©tourner les esprits des problĂšmes internes dans leur propre pays. Une Ă©conomie chancelante et un systĂšme financier au bord de l’implosion. Ou bien, dans le cas des États-Unis, un budget militaire de plus de 700 milliards de dollars par an, qui paraĂźt bien excessif et difficile Ă  justifier, surtout aprĂšs s’ĂȘtre retirĂ© d’Afghanistan.

La Russie amasse de l’or

Pendant les deux derniĂšres dĂ©cennies, des pays comme la France ou la Suisse se sont massivement dĂ©barrassĂ©s de leur or. À l’inverse, la Russie et la Chine ont amassĂ© ce mĂ©tal Ă  un rythme sans prĂ©cĂ©dent.

Beaucoup de pays occidentaux se dĂ©barrassent de leur or, tandis que la Russie et la Chine remplissent leur stock Ă  toute vitesse. Source : l’IMF.

Par ailleurs, la Russie a la deuxiĂšme rĂ©serve d’or dans ses sous-sols au niveau mondial, juste derriĂšre l’Australie.

Il est clair que la Russie a prĂ©vu de se protĂ©ger contre d’Ă©ventuelles sanctions grĂące Ă  son stock massif d’or. Sans surprise, les États-Unis tentent de bannir toute transaction impliquant de l’or avec la Russie. Le problĂšme est que, contrairement Ă  un systĂšme numĂ©rique avec lequel il suffit de cliquer sur un bouton, il est quasiment impossible de bannir les transactions en or. C’est un actif intraçable qui peut ĂȘtre Ă©changĂ© physiquement, fondu et transformĂ©.

Valeur du rouble

Note prĂ©liminaire : SWIFT est un systĂšme Ă©lectronique qui permet aux banques d’Ă©changer de la monnaie dans le monde entier. L’essentiel du commerce mondial passe par lĂ . À cause de son monopole, certains pays, comme la Russie, dĂ©veloppent depuis quelques temps dĂ©jĂ  des systĂšmes alternatifs. Par ailleurs, il est de notoriĂ©tĂ© publique que les AmĂ©ricains n’hĂ©sitent pas Ă  tout faire pour siphonner les informations qui transitent par ce systĂšme
 contre le terrorisme, bien sĂ»r.

Les sanctions de l’Occident, y compris le bannissement de la Russie du rĂ©seau SWIFT, ont sĂ©rieusement affaibli le rouble. Pour la petite histoire, couper un pays entier de SWIFT est sans prĂ©cĂ©dent. Des banques iraniennes ont subi ce genre de sanctions dans les affaires du nuclĂ©aire iranien, mais un tel ostracisme d’un pays entier n’a jamais eu lieu. Pourtant, cela n’a pas arrĂȘtĂ© la guerre pour autant.

De plus, un autre de type de sanctions dont on parle peu proviennent des agences de notation. Elles ont baissĂ© la note de la Russie, ce qui a pour effet d’augmenter les intĂ©rĂȘts pour obtenir de la monnaie. C’est une sanction qui ne dit pas son nom, d’importance capitale, si je puis dire. Et elle vient exactement des mĂȘmes acteurs occidentaux que les autres sanctions, puisque les agences de notation sont dirigĂ©es par les mĂȘmes que les requins du systĂšme financier de toute façon.

En consĂ©quence, la Russie est face Ă  une menace de taille : l’effondrement possible du rouble. Ce pourrait ĂȘtre une bĂ©nĂ©diction pour un pays croulant sous les dettes, mais ce n’est pas le cas de la Russie. La dĂ©prĂ©ciation du rouble signifie que la Russie risque d’avoir du mal Ă  importer des produits Ă  prix acceptable pour sa population.

Le levier de l’Ă©nergie

MalgrĂ© tout, en dĂ©pit du bannissement total de SWIFT, l’Allemagne a immĂ©diatement levĂ© la voix : hors de question de bannir les paiements pour le gaz russe, c’est une question de vie ou de mort pour les Allemands en plein hiver. Ainsi, tous les paiements sont suspendus, sauf ceux pour le gaz. TrĂšs pratique.

Au passage, cela laisse d’autant plus songeur. S’ils se prĂ©paraient Ă  cette guerre depuis longtemps, pourquoi les Russes n’ont-ils pas attaquĂ© l’Ukraine en novembre dernier ? Ils auraient eu une carte d’autant plus forte Ă  jouer avec le gaz pendant tous les mois d’hiver. Par ailleurs, ils adorent le froid et ils auraient Ă©galement pu utiliser le sol gelĂ© pour dĂ©ployer leurs tanks et autres vĂ©hicules par les champs plutĂŽt que d’ĂȘtre coincĂ©s comme ils l’ont Ă©tĂ© sur les routes. Peut-ĂȘtre n’ont-ils pas eu le temps de peindre leurs chars en blanc ?

En tout cas, une chose est sĂ»re : l’Union EuropĂ©enne ne peut se passer totalement du gaz russe, c’est une question de survie. Certains experts affirment d’ailleurs que mĂȘme le gaz amĂ©ricain ne peut ĂȘtre une alternative pour au moins les 10 prochaines annĂ©es. L’infrastructure nĂ©cessaire, y compris les bateaux eux-mĂȘmes, est massive. En effet, la totalitĂ© des bateaux gaziers dans le monde peut actuellement livrer environ un milliard de mĂštres cubes de gaz par an. L’UE en consomme 150 milliards par an.

Poutine est donc en train de tirer parti du talon d’Achille de l’Europe pour sauver le rouble. En d’autres termes, il dit clairement : vous voulez me mettre des sanctions, eh bien je vous propose un deal que vous ne pouvez pas refuser, et qui va annuler vos sanctions. Et du cĂŽtĂ© europĂ©en, on a dĂ©jĂ  Ă©puisĂ© toutes nos cartouches.

Le pétrodollar

Pour rappel, depuis la fin de la DeuxiĂšme Guerre Mondiale, les hydrocarbures s’achĂštent uniquement en dollars. Les dollars accumulĂ©s par le vendeur s’appellent alors des « pĂ©trodollars ». Aucun moyen de passer outre, et ceux qui ont essayĂ©, comme Saddam Hussein ou Mouammar Khaddafi, ont rencontré  quelques problĂšmes « mineurs », menant Ă  leur dĂ©cĂšs.

Mais les BRICS ne sont pas l’Irak ou la Libye. La Chine paie dĂ©jĂ  une partie de son gaz Ă  la Russie en petroyuan plutĂŽt qu’en dollars depuis 2017. Pire encore, l’Arabie Saoudite, pourtant alliĂ©e de longue date aux États-Unis, dĂ©clare rĂ©cemment qu’elle aussi est prĂȘte Ă  accepter le petroyuan. C’est un vĂ©ritable tremblement de terre gĂ©opolitique dont peu de monde parle.

En tout cas, la manƓuvre de Poutine semble fonctionner, la chute du rouble a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e. En effet, si on se met Ă  acheter du rouble afin de pouvoir acheter du gaz russe, cela augmente la demande, et donc la valeur, du rouble.

Dans le mĂȘme temps, les dollars que tout le monde s’arrachait pour acheter des hydrocarbures perdent une partie de leur utilitĂ©, ce qui a Ă©videmment un impact sur la valeur du dollar. Bien entendu, si on ne parle que du gaz russe, l’impact est nĂ©gligeable. Mais si d’autres acteurs majeurs dans le monde se mettent Ă  suivre la tendance et prĂ©fĂ©rer d’autres monnaies pour Ă©changer, les dollars actuellement en circulation vont retourner aux États-Unis, ce qui risque d’augmenter encore un peu plus la tendance inflationniste actuelle.

Les cryptomonnaies

En 2017, je prĂ©venais dĂ©jĂ  dans mon livre « La monnaie : ce qu’on ignore » que les Russes s’intĂ©ressaient de prĂšs aux cryptomonnaies. Typiquement, la Banque Centrale de la FĂ©dĂ©ration de Russie s’affaire Ă  crĂ©er une monnaie digitale fĂ©dĂ©rale.

Évidemment, cette monnaie ne serait pas une cryptomonnaie dĂ©centralisĂ©e. La Russie est bien sĂ»r opposĂ©e Ă  des systĂšmes dont elle pourrait perdre le contrĂŽle, au moins en partie.

Mais lĂ  encore, le principe de rĂ©alitĂ© prĂ©vaut : le Kremlin cherche Ă  vendre son gaz coĂ»te que coĂ»te. Y compris avec des cryptomonnaies. Mais cela reste le privilĂšge des pays « amis ». C’est une nouveautĂ©, car les cryptomonnaies ont mĂȘme Ă©tĂ© bannies un temps du sol russe.

La planche Ă  billets

Mes lecteurs savent dĂ©jĂ  que le nombre d’euros et de dollars en circulation a explosĂ© de maniĂšre exponentielle ces derniĂšres dĂ©cennies. Typiquement, la masse monĂ©taire en euros a doublĂ© chaque dĂ©cennies depuis sa crĂ©ation. Pas Ă©tonnant que l’inflation pointe finalement le bout de son nez !

 

Le rouble or

Depuis les rĂ©ponses russes aux sanctions, les pays occidentaux n’ont plus le choix. Ils vont devoir payer leur gaz en roubles ou
 en or. Et ce, Ă  partir du 31 mars 2022. Ah, certes, des voix s’Ă©lĂšvent pour dire que les contrats sont clairs et qu’on ne peut les changer. On verra ce qu’on verra le jour oĂč les Russes finiront par couper le gaz.

Mais ce n’est pas tout ! Par ailleurs, la banque centrale russe indique qu’elle est prĂȘte Ă  acheter de l’or avec des roubles Ă  un taux fixe. D’une certaine maniĂšre, cela revient Ă  fixer un Ă©talon or. C’est un message clair au monde que le rouble n’est pas comme les monnaies occidentales crĂ©Ă©es sur du vent.

La Russie semble donc vouloir faire un appel au retour de l’Ă©talon or. Elle lance aussi un signal Ă  tout investisseur que les sanctions peuvent ĂȘtre sans limite. L’Occident peut saisir tout ce qu’il a sous la main Ă  tout instant et sous n’importe quel prĂ©texte. Le message est clair : « Ne faites pas confiance aux banques occidentales, ne vous laissez pas impressionner par les marchĂ©s occidentaux extrĂȘmement volatiles et qui peuvent s’Ă©vaporer en un instant ; non, pariez plutĂŽt pour la valeur sĂ»re qu’est l’or, ou bien mĂȘme son Ă©quivalent, le rouble. »

Les Ă©talons Ă©chouent toujours

Sur le court terme, on peut dire que ces actions peuvent payer, en particulier en rĂ©ponse aux sanctions. En revanche, cela pourrait s’avĂ©rer nĂ©faste sur le long terme.

Dans la culture populaire, il y a une vision manichĂ©enne avec une vision en noir et blanc. D’un cĂŽtĂ©, des monnaies crĂ©Ă©es sur « du vent », sans valeur. De l’autre, des monnaies adossĂ©es Ă  « du concret », typiquement de l’or. Malheureusement, l’histoire a montrĂ© que les Ă©talons, en particulier sur l’or, sont particuliĂšrement ravageurs.

Rappelons-nous ce qui est arrivĂ© avec l’Ă©talon or des dollars dans la deuxiĂšme moitĂ© du XXĂšme siĂšcle. Son abandon par Nixon en 1971 a causĂ© les crises pĂ©troliĂšres des annĂ©es 1970. Au XIXĂšme siĂšcle ainsi qu’au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, les monnaies basĂ©es sur l’or ont causĂ© beaucoup de misĂšre dans les populations. Plus rĂ©cemment, la chute du bolivar vĂ©nĂ©zuĂ©lien est due Ă  un Ă©talon fixĂ© par le gouvernement entre le bolivar et le dollar.

Je pense que cette histoire de « 5000 roubles = 1 once d’or » est du grand spectacle. C’est un message au monde, un rappel cinglant que bĂątir toute une Ă©conomie sur de la dette est extrĂȘmement risquĂ©.

Une recette contre la guerre

Ceci est tirĂ© d’un groupe constituant, et narrĂ© par Étienne Chouard. Ce dernier nous rappelle sans cesse qu’il est absurde de laisser les politiciens Ă©crire le texte qui est censĂ© les contrĂŽler. C’est un peu comme dĂ©signer son chien comme gardien du sandwich. DĂ©solĂ© pour les chiens qui lisent cela, je sais que votre queue remue dĂ©jĂ .

Voici une recette simple pour Ă©viter la guerre. Si tous les pays adoptaient cette rĂšgle, nous vivrions sans aucun doute dans un monde en paix.

  1. Aucune guerre ne peut ĂȘtre dĂ©clarĂ©e sans un rĂ©fĂ©rendum ouvert.
  2. Au cas oĂč le « oui » l’emporterait pour la guerre, quiconque a rĂ©pondu « oui » se voit attribuĂ© un fusil et doit aller au front illico. Aucune obligation pour quiconque a votĂ© « non ».
  3. Une fois que les premiers ont Ă©tĂ© tuĂ©s, on refait un rĂ©fĂ©rendum pour savoir s’il y a de nouveaux volontaires pour continuer la guerre.
  4. Retour à la case départ.