Archive Web – Notre Époque – Élections et temps de parole – Partie 1

Le blog d’origine ayant malheureusement disparu, je reproduis ici le post d’origine. Il est normalement encore disponible sur l’archive de l’internet.

L’effrayante corrélation entre temps de parole et résultats aux élections (1)

 

Effondrement historique du PIB en France et en Europe

Tous les grands médias caracolent actuellement avec des gros titres :

  • hausse historique du PIB en 2021,
  • du jamais vu depuis 50 ans,
  • etc.

Au-delà de ces titres-dont-je-tairai-le-but, la réalité est bien différente.

Effondrement historique du PIB en 2020

Comme on le sait tous, le PIB a chuté en 2020 un peu partout dans le monde. En particulier, il a reculé de 6,4 % dans la zone euro. En France, encore plus, il a chuté d’environ 8 %.

La fameuse « hausse historique » de 5,2 % en 2021 en Europe est donc vue sous un autre angle lorsqu’on garde en tête la succession des années. Sortons notre calculette :

(100 – 6,4) × 1,052 = 98,47

soit une baisse sur deux ans de 1,53 %.

En France, si on fait le même calcul, on a droit à une baisse de 1,56 % sur deux ans.

Mais ce n’est pas tout.

Injection massive de monnaie par la BCE

Face à l’arrêt de l’économie en 2020, la Banque Centrale Européenne a décidé de ne pas y aller de main morte.

Après tout, elle commence à en avoir l’habitude. Cela fait presque une décennie qu’elle injecte régulièrement de la monnaie dans la sphère financière par le mécanisme de l’assouplissement quantitatif (QE – Quantitative Easing en anglais). Et l’euro ne s’en porte pas plus mal, du moins en apparence. Alors, pourquoi ne pas y aller franchement ? Au fond, il s’agit de « sauver l’économie ». Ou plus exactement la sphère financière, mais chut.

Il me semble que le blog creationmonetaire.info est l’un des seuls, si ce n’est le seul, à nous donner des graphiques de l’évolution de la masse monétaire en euro. Celui-ci est particulièrement parlant :

Masse monétaire euro
Source : https://www.creationmonetaire.info/2022/01/masse-monetaire-e-janvier-2022-les-15000-milliards-depasses-le-rsa-au-plus-bas-de-tous-les-temps.html

Depuis mars 2020, c’est-à-dire moins de 2 ans, la BCE a injecté la bagatelle de 20.000 milliards d’euros dans l’économie. 10 fois le PIB de la France.

À masse monétaire constante, le PIB a donc déjà reculé de 1,5 % en deux ans. Mais si on tient compte du gonflement de presque 20 % de la masse monétaire dans le même temps, alors la conclusion s’impose :

en deux ans, le PIB a reculé de 20 %.

Il s’agit donc d’un effondrement historique du PIB, contrairement à ce qu’on veut bien nous faire croire, en pleine période électorale.

Inflation

J’indiquais en 2016 dans mon livre « La monnaie : ce qu’on ignore » que les QE successifs n’avaient eu qu’un très faible impact sur l’inflation :

Or, malgré l’augmentation constante et soutenue de la masse monétaire, l’inflation officielle dans l’Union Européenne sur 10 ans est d’environ 2 % par an, guère plus de 25 % en 10 ans, soit un quart de la hausse de la masse monétaire (pour rappel, la masse monétaire M1 a doublé dans les 10 dernières années et la monnaie fiduciaire a même quadruplé en 15 ans).

Il semblerait tout de même que la dernière folie de nos banquiers centraux commence à porter ses fruits : partout, « on craint » une inflation record en 2022. La question est : qui donc craint cette inflation ?

La réponse est simple : le petit épargnant, le salarié qui ne va pas voir son salaire suivre la courbe de l’inflation, le petit commerçant qui va devoir racler sur ses marges déjà inexistantes pour ne pas trop perdre de clientèle, etc.

L’État, lui, en sort grand gagnant. Il pourra de toute façon relever les taxes et autres impôts. En effet, il suffira de justifier qu’ils sont indexés par défaut sur l’inflation. Mais surtout, il voit sa dette fondre comme neige au soleil.

À lire aussi sur le sujet, cet autre récent billet sur le petit jeu de la BCE.

D’où vient notre couleur de peau ?

Read this post in English.

On parle beaucoup de couleur de peau ces derniers temps, en particulier dans la dernière décennie. « Black Lives Matter ». Les suprémacistes blancs. Le « Grand Remplacement ». On se préoccupe beaucoup de notre couleur de peau.

Comme je le mentionne dans mon roman « Le Président Providentiel », le concept de « races humaines » est une invention qui n’a aucune réalité scientifique. En effet, comment classifier la « race » d’un enfant issu d’un parent « blanc » et d’un parent « noir » ? Les races « noire » et « blanche » n’existent pas. En fait, il n’y a aucune frontière génétique bien définie. Il n’existe que des nuances de tons, un continuum.

Par ailleurs, la couleur de peau n’a aucun lien avec les autres caractéristiques physiologiques. Certains Africains sont noirs, mais d’autres ont des couleurs de peau beaucoup plus claires. Certains Amérindiens sont très pâles, d’autres sont particulièrement « sombres » de peau. La plupart des Indonésiens sont tout aussi « noirs » que les Africains les plus sombres, on peut en dire autant de certains Péruviens ainsi que les Aborigènes d’Australie. Les Maoris, qui ne sont pas bien loin des côtes australiennes, mais vivent dans une zone tempérée, ont des couleurs de peau similaires à la plupart des Méditerranéens d’Europe. Si l’on réfléchit en terme de migrations humaines, et donc de flux de génomes, c’est très déconcertant.

Trois hommes de différentes régions du globe : Aborigène d'Australie, Péruvien, Tamoul. Leurs caractéristiques faciales sont très différentes, mais leur couleur de peau est très sombre.

Mais alors, d’où provient donc notre couleur de peau ?

Corrélation avec l’exposition aux ultra-violets

Nina Jablonski et son mari sont catégoriques : la couleur de peau dépend de notre exposition aux rayons ultra-violets. Rien d’autre. C’est tout. Elle est totalement décorrélée de nos caractéristiques faciales, ou pire de notre comportement social. Et la corrélation avec l’exposition aux UV est extrêmement significative statistiquement.

Bon, tu vas me dire, cher lecteur : « Ça y est, Denis a inventé l’eau chaude ! Comme si on ne savait pas que les Africains sont noirs et les Norvégiens blancs ! » D’accord, ce n’est pas une grande surprise. Mais n’est-il pas étonnant qu’il y ait une corrélation aussi forte entre les deux ? Ne t’es-tu jamais posé la question du « pourquoi » ? C’est exactement comme s’il était absolument vital qu’à un emplacement du globe les humains adoptent une couleur de peau bien particulière. Et ce, indépendamment de n’importe quel autre critère de sélection.

Voici une carte des couleurs de peau à travers le monde :

À mettre en relation avec l’exposition aux UV :

En effet, tous les gens à la peau noire sont situés près de l’équateur. Lorsqu’on s’en éloigne un peu, autour des tropiques et des régions subtropicales, on trouve des gens à la peau légèrement bronzée, dont la couleur peut varier très fortement en fonction de leur exposition au soleil, comme des caméléons. Au-delà, les humains adoptent une couleur de peau la plus claire possible.

À noter qu’il y a des « anomalies » géographiques, en raison de chaînes de montagnes : les Andes et l’Himalaya. Dans ces deux régions, il y a moins d’épaisseur d’atmosphère à traverser pour les rayons du soleil, donc les gens sont exposés à plus de rayonnement ultra-violet, et adoptent une couleur de peau sombre.

Deux facteurs majeurs contribuent à l’importance d’avoir une couleur de peau donnée en fonction de l’exposition aux UV.

Les folates

Les folates sont des molécules (des vitamines B) qui jouent un rôle clé dans la division cellulaire et la croissance humaine. Elles sont absolument partout dans le corps, y compris sur et sous la peau. Une carence en folates cause de l’anémie, des cancers, des maladies cardio-vasculaires, et des difformités congénitales des nouveaux-nés. Inutile de dire que ces molécules sont donc extrêmement importantes pour rester en bonne santé.

Or, les folates sont très sensibles aux UV : ces molécules sont « cassées » par les rayonnements. Ainsi, certaines recherches montrent que les niveaux de folates dans le sang diminuent en été dans les régions tempérées. C’est la raison pour laquelle les gens qui vivent dans des régions très exposées aux UV doivent développer une pigmentation de peau sombre pour empêcher les rayonnements de pénétrer sous la peau, afin de protéger leurs folates. D’ailleurs les UV ne détruisent pas que les folates, mais également l’ADN et plein de molécules nécessaires à la vie ; c’est pourquoi on utilise les UV comme désinfectant. Trop d’UV cause des cancers car détruit les molécules nécessaires au vivant en général.

Au passage, si tu es très exposé au soleil en particulier en été, l’une des actions à prendre pour éviter d’avoir des carences en folates est de consommer des légumes verts, qui sont riches en folates. À noter que les hommes ont naturellement moins de folates que les femmes et sont donc encore plus sensibles aux effets des UV.

Tout cela explique pourquoi les gens qui vivent dans des régions fortement exposées aux UV doivent adopter une couleur de peau la plus sombre possible. Ceux avec une peau claire ont moins de chances d’avoir des enfants sains. La sélection naturelle au cours des générations fait le reste.

La vitamine D

Note : la vitamine D n’est en fait pas une vitamine, mais une hormone. Quelle est la différence ? Une hormone est une molécule qui peut être synthétisée par le corps par des réactions chimiques. Les vitamines, à l’inverse, ne peuvent pas être créées par le corps, mais doivent être apportées par l’alimentation. Dans le cas de la vitamine D, elle est synthétisée par les cellules de la peau… lorsqu’elles sont exposées au soleil. D’après la définition ci-dessus, il s’agit donc bien d’une hormone.

Alors que les UV sont toxiques en grande quantité, paradoxalement ils sont également nécessaires pour notre survie. En effet, ils permettent à notre corps de synthétiser la vitamine D, un composant vital.

L’un des rôles majeurs de la vitamine D est de véhiculer le calcium pour construire les os. Par ailleurs, elle joue un rôle fondamental dans le système immunitaire, ainsi que bien d’autres fonctions. À noter que de très nombreuses études montrent systématiquement une corrélation entre les déficiences en vitamine D et des cas sérieux d’infections respiratoires. Des carences en vitamine D peuvent aussi causer l’ostéoporose, le diabète, des problèmes de tension artérielle, ainsi que des cancers, parmi d’autres effets. Certaines études suggèrent même que la vitamine D joue un rôle important dans les fonctions cognitives.

Très logiquement, les humains qui ont gardé la pigmentation de leur peau en migrant dans des zones moins ensoleillées se sont retrouvés en manque sérieux de vitamine D. Dans le même temps, les humains qui ont perdu cette pigmentation ont eu un avantage sérieux en augmentant leur niveau de vitamine D.

En résumé, bloquer les UV est une excellente chose lorsqu’ils sont trop abondants, mais à la fois très néfaste lorsqu’il n’y en a pas beaucoup. Et lorsque les os craquent à cause de l’ostéoporose, il devient difficile d’avoir des enfants en bonne santé !

Adaptation du régime alimentaire

Par ailleurs, les cultures qui vivent dans des zones peu ensoleillées ont adopté une constante dans leur alimentation : l’huile de poisson, en particulier l’huile de foie de morue. Ce n’est pas une coïncidence que ce soit l’aliment le plus riche en vitamine D !

Lecteur, si tu n’es pas très exposé au soleil, il y a de très fortes chances que tu aies des carences en vitamine D. Par conséquent, tu devrais probablement te tourner vers une alimentation assez riche en vitamine D : poissons (poisson-scie, saumon, thon, sardines, maquereaux…), foie de bœuf, côtelettes de porc, blanc de poulet et œufs, champignons, lait ou yaourt, oranges, etc. Bien sûr, il faut toujours garder en tête qu’une alimentation équilibrée est préférable. Par exemple, se gaver de thon peut résulter en une exposition accrue aux métaux lourds, et c’est très certainement à éviter.

Le compromis

Les humains ont donc adopté des couleurs de peau en fonction de leur exposition aux UV. Mais le plus fascinant est ce qui se passe dans les régions subtropicales, où l’exposition aux UV varie fortement en fonction de la saison.

En effet, en été l’exposition y est maximale, tandis que les UV se font très rares en hiver. Or, une peau de couleur très sombre ne s’éclaircit pas en hiver, et cause donc une déficience en vitamine D. À l’inverse, une peau très claire ne bronze pas au soleil, elle cuit comme un steak – les folates sont brûlés et la peau développe des cancers.

Ainsi, ceux qui vivent entre les deux n’ont pas eu d’autres choix que de développer une capacité particulière : le bronzage. Leur peau s’assombrit dès qu’elle est suffisamment exposée au soleil. Par exemple, les personnes du Maghreb ou du Moyen-Orient peuvent avoir une peau particulièrement claire lorsqu’elle n’est pas exposée au soleil, mais peuvent devenir très sombres lorsqu’elles y sont exposées.

Plus au nord, cette fonction ne marche plus car jamais vraiment utile dans des latitudes plus élevées :

C’est ainsi que la couleur de peau est tout simplement un élément vital en fonction de notre environnement.

L’aspect social

Au Japon, les geishas se peignent en blanc. En effet, la couleur de peau y prend une dimension sociale. Une peau blanche est signe d’une personne cultivée, qui reste à l’intérieur la plupart du temps. À l’inverse, une peau tannée indique un travailleur des champs, un travailleur manuel, un sous-être. De même, en Inde, la couleur de peau est un indicateur majeur de classe sociale. Plus la peau est claire, plus son porteur a un statut social élevé.

Malheureusement, cet état de pensée est encore beaucoup trop commun. Nous obtenons notre couleur de peau principalement par nos ancêtres, une génération ne peut rien y changer, car il s’agit d’évolutions très longues. Et pourtant, il y a encore cette fascination pour la peau blanche, alors qu’il ne s’agit ni plus ni moins d’une peau qui a perdu sa pigmentation pour s’adapter à son environnement.

D’autres études sur les gènes et l’« intelligence » viennent aussi semer la confusion et les biais liés à la couleur de peau.

L’intelligence

Des études montrent des corrélations entre certains gènes et les scores à des tests de QI. Autant il est important de savoir cela, autant il ne faut pas non plus en tirer de conclusions hâtives. Encore moins faire une classification de supériorité sur ces critères. D’autant que l’amalgame « couleur de peau = population génétique » est souvent utilisé à tort.

Pour commencer, un test de QI est un test particulier qui mesure certaines aptitudes. Notre définition de l’« intelligence » doit-elle s’arrêter à ces aptitudes ? En particulier, les tests de QI sont principalement axés sur la logique, le raisonnement, les calculs. Ne devrions-pas nous pencher sur d’autres aptitudes comme l’empathie, la générosité, la « chaleur » des individus, pour qualifier une population ? Les narcissiques et manipulateurs sont d’autant plus dangereux qu’ils sont intelligents.

D’autre part, il s’agit de moyennes. Comme toute moyenne, cela n’a pas d’incidence sur chaque individu. Le fait qu’une personne appartienne à tel groupe qui a une « intelligence » moins développée n’implique pas que cette personne ne soit pas intelligente. À l’inverse, il peut parfaitement y avoir des gens très peu intelligents dans une population « généralement intelligente ».

Nous devons donc rester très prudents lorsqu’on base toute une idéologie sur de telles études, pour conforter des positions… nazies.

Conclusion

La couleur de peau dépend d’un facteur, et d’un seul : l’exposition aux UV. Elle évolue totalement indépendamment d’autres facteurs. Il est donc particulièrement ironique que certains basent leurs jugements des autres uniquement sur ce critère. La prochaine fois que tu croises une personne dont tu juges la couleur de peau « négative » tu pourras repenser à ce billet. L’intelligence, le comportement social, n’a strictement rien à voir avec la couleur de peau. Elle n’est que le reflet de l’exposition au soleil de nos ancêtres.

L’euro digital, l’arme ultime de la BCE

Avertissement : ce que j’explique ici n’est pas ma propre opinion, mais n’est que le point de vue des banquiers centraux. Si j’étais banquier central, nul doute que mes solutions seraient toutes différentes. Je mets bout à bout des événements et déclarations pour tenter d’expliquer les choix faits par nos banquiers centraux dans le passé et dans le futur proche.

Introduction

Au vu de l’endettement massif partout dans le monde et un système bancaire à l’agonie, la BCE (Banque Centrale Européenne) et l’euro sont au bord du gouffre. On pourrait en dire autant de la Fed aux États-Unis, mais je vais m’attarder dans cet article sur l’Europe.

Dans mon livre paru en 2017 « La monnaie : ce qu’on ignore », je mentionnais déjà que les banques centrales (y compris la BCE) examinaient déjà les crypto-monnaies. Ces dernières années, la BCE a dévoilé petit-à-petit la possibilité à court terme (quelques années) d’offrir d’un « euro digital ». En d’autres termes, les citoyens européens pourraient avoir un compte à la BCE. Il y a eu aussi des rumeurs et discussions sur la « monnaie hélicoptère ». Comment tout cela est-il lié ? Pourquoi y en a-t-il besoin ? Y en a-t-il vraiment besoin ?

L’origine

Le problème vient de la manière dont la monnaie est créée actuellement. Dans le système actuel, ce sont les banques privées qui créent l’essentiel de la monnaie. En tout cas, c’est ainsi dans l’Eurozone et aux États-Unis.

Le système est le même partout dans le monde : les banques centrales créent de la monnaie fiat, les banques privées captent un maximum de cette monnaie dans l’économie, et font des crédits, qu’on appelle à tort « prêts ». En effet, la banque ne « prête » pas de la monnaie existante, mais crée de la monnaie lorsqu’elle accorde un crédit. Cette monnaie est alors détruite lorsque le crédit est remboursé. Ce système provoque de nombreux problèmes, comme je l’ai détaillé dans deux de mes livres : « La monnaie : ce qu’on ignore » et « La monnaie : l’essentiel ».

Arrêtons-nous maintenant à l’un des problèmes de ce système : il lui faut de plus en plus de monnaie. En effet, pour maintenir le système des crédits à flot, il faut sans cesse introduire de la nouvelle monnaie dans l’économie. Si par accident la masse monétaire vient à diminuer, c’est tout le système qui risque de s’effondrer car il n’y a plus assez de monnaie pour rembourser les crédits existants.

Le problème

Mais, direz-vous, pourquoi est-ce réellement un problème ? Il se trouve que depuis la crise des subprimes en 2008, l’économie elle-même ne génère plus assez de nouvelle monnaie, plus assez de « croissance », pour maintenir le système. Au passage, seuls les économistes théoriques ne comprennent pas pourquoi cela pose problème. On ne peut avoir une croissance infinie sur une planète finie, c’est pourtant très simple à comprendre ! Bon, peut-être que le minage d’astéroïdes nous sauvera de la décroissance. Peut-être pas.

Bref, après la crise de 2008, les banques centrales font face à un problème de taille : comment créer assez de monnaie pour soutenir le système bancaire et éviter la catastrophe ? Il n’y avait pas assez de monnaie, et l’économie ne créait pas assez de crédits par elle-même.

La première phase (2008-2015)

Les banques centrales n’ont pas beaucoup de leviers pour interférer dans l’économie. Elles peuvent créer de la monnaie physique, billets ou pièces, mais seulement jusqu’à un certain point. Créer cette monnaie physique a un coût. À l’inverse, créer de la monnaie pour un crédit se fait essentiellement en cliquant sur un bouton de souris devant un ordinateur. C’est la raison pour laquelle, dans le monde occidental, 90 % de la monnaie est digitale et créée par les banques privées. C’est différent dans d’autres endroits où les gens utilisent encore beaucoup les espèces dans la vie de tous les jours.

Malgré tout, le rôle des banques centrales est de s’assurer que le système financier tient debout. Il leur fallait agir en 2008 pour sauver le système bancaire.

Pour cela, elles ont utilisé leur premier et principal outil : les taux directeurs. En effet, le taux directeur a un impact direct sur les taux des crédits émis par les banques privées. Et évidemment, les taux d’intérêts ont un rôle important dans l’émission ou non de crédits.

Lorsque les taux sont élevés, les gens hésitent beaucoup plus à prendre un crédit qui va leur coûter cher à rembourser. À l’inverse, lorsque les taux sont bas, tout le monde se rue sur les crédits puisqu’ils ne coûtent pas grand-chose. C’est assez évident.

En baissant les taux d’intérêts, les banques centrales ont rendu les crédits bancaires beaucoup plus attractifs, ce qui pousse les gens à prendre des crédits. Et plus de nouveaux crédits signifie plus de nouvelle monnaie créée pour ces crédits qui circule dans l’économie.

La seconde phase (2015-2021)

Cette première solution semble idéale. Malheureusement, lorsque l’économie a toujours besoin d’être accélérée mais que les taux d’intérêts ont tellement baissé qu’ils deviennent négatifs, il y a un sérieux problème. Aucun système bancaire ne peut survivre en payant les gens pour faire crédit ! Et pourtant, c’est ce qui est arrivé, les taux des crédits sont devenus négatifs. Ils le sont même devenus en Allemagne pour les particuliers pendant un certain temps.

Il fallait donc trouver un autre moyen de maintenir le système à flot. Malheureusement, les leviers de la banque centrale sont assez limités. Normalement, une banque centrale n’est pas censée créer de la monnaie digitale. Cette monnaie est d’ailleurs seulement utilisée par les banques entre-elles pour équilibrer leurs échanges.

Malgré tout, il en allait de la survie du système. La BCE, ainsi que d’autres banques centrales, ont commencé à utiliser un outil qui est normalement réservé aux situations d’urgence : l’assouplissement quantitatif. Pour faire simple, la banque centrale rachète des dettes d’état et injecte de la monnaie dans le système financier.

Grâce à ces deux premières phases, le nombre d’euros en circulation a doublé tous les dix ans, et ce depuis 20 ans. C’est un taux d’inflation de 10 % par an ! J’explique tout cela avec plus de détails dans mon livre.

Et maintenant ?

L’assouplissement quantitatif ne peut pas se prolonger éternellement. De plus, il ne résout visiblement pas le problème. En effet, j’ai mentionné un taux d’inflation à 10 % par an, mais ce n’est tout de même pas ce qu’on constate au niveau des prix. Ils augmentent, certes, mais ils ne doublent pas tous les 10 ans. En fait, la monnaie qui est généreusement distribuée aux financiers ne descend jamais dans l’économie. Qui a un jour cru au « ruissellement » ?

Les banques centrales font face à une évidence : il leur faut un autre outil pour sauver le système bancaire. Évidemment, une méthode alternative serait d’accepter que le système actuel ne fonctionne pas, mais cela mettrait un coup certain à leur crédibilité !

La dette et l’inflation

Jusqu’à maintenant, la BCE s’est fixé une cible de 2 % d’inflation par an. Comme je l’explique dans « La monnaie : l’essentiel », l’inflation ne peut jamais être calculée sans tomber dans des biais, mais admettons que la BCE ait réussi à maintenir ses 2 % dans les 10 dernières années.

Le problème est que l’économie actuelle est très endettée. Les entreprises sont fortement endettées car une grande partie des dettes publiques a glissé vers le privé, et la pandémie de Covid accompagnée de ses confinements et du ralentissement de l’économie ont encore accru ces dettes. De même, les états ont été obligés de s’endetter fortement pour subventionner leurs économies en berne.

Du point de vue d’une banque centrale, il y a un moyen simple de réduire les dettes de tout le monde : l’inflation. L’idée est simple : si on doit un montant fixe de monnaie et que la monnaie perd de sa valeur avec le temps, le résultat immédiat est que ma dette perd également en valeur. Typiquement, si on arrive à maintenir un taux d’inflation à 10 % par an, la dette de tout le monde est divisée par deux en 10 ans.

Malgré tout, il faut garder en tête qu’une banque centrale n’est pas censée créer de la monnaie directement. Il leur faut changer les règles si elles veulent le faire.

Une monnaie digitale

La BCE parle de plus en plus de « l’euro digital ». Certains parlent d’une « crypto-monnaie », mais ce n’en est clairement pas une puisqu’une dans le cadre d’une banque centrale, le terme « crypto-monnaie centralisée » ne peut être qu’un oxymore.

Bref, l’idée derrière la monnaie digitale de la BCE est que chaque citoyen de l’Eurozone puisse avoir un porte-monnaie virtuel… à la BCE. En clair, en plus de votre compte en banque actuel, vous et moi aurions également un compte à la BCE. Les montants maximum seraient limités à quelques milliers d’euros, mais il serait bel et bien là.

La BCE prétend que la principale raison à ce changement est que « les citoyens se détournent des espèces ».

Vraiment ? Est-ce réellement là la seule raison, voire même la principale ? Pourquoi un revirement si soudain, tout ça pour un compte où nous pourrions n’avoir que quelques milliers d’euros alors, que des milliards se baladent tous les jours dans la zone euro ?

La monnaie hélicoptère

La « monnaie hélicoptère » est simplement de la monnaie créée par la banque centrale et distribuée sans contrepartie aux citoyens. En Europe, Mario Draghi, le Président de la BCE à l’époque, disait trouver le concept « intéressant ». Peter Praet, l’économiste en chef de la BCE, a déclaré :

Oui, toutes les banques centrales peuvent le faire. Vous pouvez créer de la monnaie et la distribuer au peuple. C’est ça, la monnaie hélicoptère.

Il n’y a aucune annonce officielle comme quoi il serait dans les plans de la BCE de distribuer de la monnaie hélicoptère. Pour autant, il y a beaucoup de gens qui militent pour.

Mais concrètement, comment distribuer cette monnaie hélicoptère ? Si tout le monde a plusieurs comptes dans plusieurs banques, il faut identifier les citoyens auprès des états, demander dans quelle banque ils préfèrent recevoir la monnaie, faire des versements, etc. C’est compliqué. Il faut aussi ne pas distribuer de monnaie aux associations et entreprises qui ont un compte, etc.

Mais si soudain, chaque citoyen de la zone euro a un compte en banque à la BCE, c’est tout de suite beaucoup plus simple ! D’un simple clic, vous pouvez créditer tous les comptes d’un certain montant ! On peut dire que le compte à la BCE utilisant de la monnaie digitale est en quelque sorte le prérequis de la monnaie hélicoptère.

Est-ce vraiment une option sérieuse ?

Réfléchissez. Le système bancaire est en train de couler, obligé de donner des sous aux gens pour qu’ils fassent des crédits. La BCE a tout essayé pour injecter de la monnaie dans le système, en vain. Et elle est à court d’options. Par-dessus le marché, il y a beaucoup de dettes partout, dettes qui vont couler tout le monde tôt ou tard.

Et là, soudain, vous avez un outil qui permet d’injecter directement et facilement de la monnaie dans l’économie. Vous créez de l’inflation, ce qui va réduire les dettes. Et au passage, vous vous débarrassez des espèces qui vous coûtent cher, tout en accroissant votre contrôle sur les flux de monnaie – et permet de limiter le blanchiment.

Si j’étais dans les bottes d’un banquier central et que je voulais maintenir le système, je n’hésiterais pas une seconde à utiliser cet outil providentiel.

Un nouveau « truc » centralisé

Nous ne devons pas nous méprendre sur les intentions. Il s’agit ni plus ni moins que d’un outil de contrôle. On pourrait même parler d’outil de contrôle suprême.

Certains évoquent depuis quelques temps déjà que cela pourrait aller bien au-delà de la « monnaie ». Par exemple, il serait possible via ce système de distribuer des « bons alimentaires ». En d’autres termes, vous recevriez de la « monnaie » sur votre compte, mais vous ne pourriez dépenser cette monnaie que pour acheter des produits alimentaires de première nécessité.

On peut également parfaitement imaginer un « revenu de base » indexé sur votre « note » attribuée par l’État. Un crédit social à la chinoise, avec un effet direct sur ce que vous percevriez. Pourquoi pas l’utiliser également pour décider du niveau auquel vous devez être taxé. On peut aller très très loin avec ce système, en terme de contrôle, bien sûr.

Et nous dans tout ça ?

Bien sûr, tout cela n’est que la vision d’un banquier central. En tant qu’individu qui a beaucoup réfléchi à la monnaie, je suis persuadé qu’il vaudrait mieux se débarrasser du système bancaire actuel. Repartir de zéro. Ce ne serait pas la première fois dans l’histoire. Et parfois, plutôt que de laisser pourrir un système malade, un nouveau départ avec un meilleur système est largement préférable.

Certains pensent que la monnaie hélicoptère est une forme de revenu universel, ou revenu de base. Comme j’ai prévenu dans mon livre, le revenu universel peut également être un piège. Une astuce, un tour de passe-passe, pour maintenir le système véreux actuel à flot.

Pour nous, citoyens, il y a déjà une alternative, et chacun d’entre nous peut la choisir en toute liberté et en toute conscience : la monnaie libre. Assurez-vous de lire la Théorie Relative de la Monnaie ainsi que mon livre « La monnaie : ce qu’on ignore » pour découvrir toutes vos options pour choisir un système monétaire.

Wikipedia : un co-fondateur n’a plus confiance

Un constat qui ne date pas d’hier

Dans mon roman, « Le Président Providentiel », je m’attarde un peu sur Wikipedia. L’un des personnages propose de créer une encyclopédie alternative. On peut y lire :

« C’est très dangereux de n’avoir qu’une seule voix propageant la vérité. Vous allez me dire qu’il n’y a qu’une vérité absolue et que Wikipedia est impartial et ne prend pas position. Mais par définition, c’est quasiment impossible de ne pas prendre parti lorsqu’il s’agit en particulier de sujets non scientifiques. Même sur des sujets scientifiques, tous les spécialistes d’un domaine ne sont pas forcément d’accord entre-eux. Il est alors facile dans une encyclopédie de relayer en priorité une théorie plutôt qu’une autre. Et lorsqu’on arrive sur des sujets plus politiques, c’est également facile de manipuler l’opinion en donnant plus de crédit à une version ou à une théorie en particulier. Est-ce que vous pourriez par exemple m’ouvrir la page sur les lobbys ? »

À l’écran est alors apparue la page correspondante de l’encyclopédie en ligne. Il a commenté : « Vous allez voir comment la psychologie est utilisée pour manipuler les idées des gens. Pour commencer, la première chose par laquelle est attiré l’œil sur la page, c’est l’image associée. Que représente-t-elle ? Une caricature de lobbyistes anglais. Tout de suite, on vous met dans le cerveau : attention aux caricatures, le lobbyiste, ce n’est pas du tout ça ! »

Il a demandé ensuite à se déplacer vers la section « Les lobbys contre l’intérêt général ».

— Le titre paraît pourtant donner une piste. En fait, la réponse est pourtant très simple, un lobby, par définition, n’est absolument pas pour l’intérêt général, mais pour l’intérêt particulier de celui qui le commandite. C’est la définition même du lobby ! Du coup, l’expression en elle-même « les lobbys contre l’intérêt général » est une véritable lapalissade ! Et pourtant, dans ces paragraphes, on va faire naître dans l’esprit du lecteur le doute sur le fait que, peut-être, en réalité, le lobbyiste est là pour protéger l’intérêt général. Je cite : « il faut se garder d’imaginer le lobbyiste sous les traits caricaturaux du dispensateur de pots-de-vin, confiné au rôle de maillon d’une chaîne de prébende. Le lobbying, le vrai, se distingue à la fois de sa caricature et des pratiques douteuses ». Donc voilà, vous avez une idée fausse du lobbyiste, le vrai est un gars bien et pas un escroc. On retombe dans l’idée de caricature gravée dans l’inconscient collectif. Oui, c’est sûr, on a tous en tête que le lobbyiste est un gros méchant avec des dents de vampire et des cornes. Mais non, mais non, vous assure-t-on. Il est normal le gars ! Il a juste un costard, comme tout le monde et il travaille pour gagner sa croûte. Très bien, continuons. Le paragraphe suivant est intitulé « Une menace pour la démocratie ? ». Ah, peut-être qu’on va y arriver. Vous savez qu’on ne retient principalement d’un texte que les dernières phrases qu’on a lues. Sans compter tous ceux qui vont aller directement en fin de texte pour en lire la conclusion. Eh bien la dernière phrase de cette section est : « le lobbying est bon pour la démocratie ». C’est quand même génial, non ?

Et ensuite, dans le reste de l’article, ça reprend des théories disant que comme les différents lobbyistes travaillent pour des entreprises différentes et concurrentes, ils se contrebalancent, et du coup le résultat global est que tous ces lobbys ne profitent plus à des intérêts particuliers, mais à l’intérêt général. C’est de la manipulation pure et simple à l’aide d’une logique totalement bancale. C’est comme si je disais que si je mélange de l’eau froide avec de l’eau chaude j’obtiens de l’eau tiède. Sauf que si je mets une goutte d’eau un peu froide dans une tasse d’eau bouillante, le résultat ne va pas vraiment être tiède. Pour revenir à nos lobbyistes, on oublie de dire au lecteur qu’en réalité, sur les sujets les plus importants, tous les lobbys ne sont pas sur un pied d’égalité. Quand vous avez d’un côté l’industrie agro-alimentaire abreuvée de milliards face à des associations de consommateurs, il est évident que la bataille est totalement inégale, et que les intérêts particuliers de l’industrie gagnent haut la main face à l’intérêt général. Ensuite, pour les chiffres des lobbys au sein des institutions européennes, pour minimiser les chiffres toute la section s’appuie sur les chiffres de… 1992 ! Il y a 30 ans ! En soulignant qu’il y a aussi des lobbys qui représentent l’intérêt public, sans pointer du doigt les différences énormes de financement de ces différents lobbys. On pourrait rire de la manière dont tout cela est présenté si le sujet n’était pas aussi sérieux, important et grave.

— Vous voulez dire que l’encyclopédie n’est pas objective et a un biais dans la manière de présenter les choses ?

— C’est le moins qu’on puisse dire, on vient d’en voir un exemple typique. Et la raison est très simple. Il s’agit d’un projet privé, assujetti à des financements externes voire à des pressions. Le projet que je propose est un projet 100 % citoyen et financé par l’État, donc sans aucune pression. Il y aura donc une meilleure pluralité d’opinions. Dans notre encyclopédie, le lecteur pourra peut-être apprendre que Greenpeace, la plus grosse ONG à Bruxelles, avait un budget de 1,6 millions d’euros et 15 employés sur place en 2015. C’est énorme, non ? À comparer avec 40 millions de budget et 150 employés de la fédération des industries chimiques, c’est vite remis en perspective.

— Pourtant, n’importe qui peut éditer les pages et ajouter ou modifier du contenu, n’est-ce pas ?

— Ah, ça c’est la belle théorie. Dans la pratique, l’encyclopédie est bien forcée d’avoir une équipe de modération pour éviter que n’importe qui puisse écrire n’importe quoi. Ce sont les biais de cette équipe de modération qui pourrissent justement la neutralité des articles car ils vont, en toute bonne foi, supprimer tout ce qui ne va pas « dans le bon sens » selon eux, et qui est « faux » de leur point de vue. Potentiellement un peu « aidé » par la politique venant de plus haut. Et hop, adieu l’impartialité.

L’avis de l’un des fondateurs

Larry Sanger, l’un des co-fondateurs de l’encyclopédie en ligne, est soucieux. Il nous révèle que les lobbys noyautent l’encyclopédie et menacent donc la pluralité d’opinion. C’est exactement ce que je dénonçais dans le texte cité précédemment.

Cela est valable pour tout ce qui concerne les sujets de société : éducation, santé, politique, science, économie, philosophie, libre-échange, etc. Sur tous ces sujets, le ton de l’encyclopédie n’est pas neutre, loin s’en faut.

D’ailleurs, les copies d’écran du site que j’ai postées plus haut datent de 2018, année de publication de mon livre. La page Wikipedia en question n’a pas beaucoup changé depuis, et malgré de nombreuses tentatives d’édition pour tenter de rééquilibrer le propos, la plupart refusées, le ton général de la page est toujours très favorable au lobbyisme, elle en fait ouvertement l’apologie. D’ailleurs, pour enfoncer le clou, une autre image de caricature a été rajoutée en début d’article :

Une encyclopédie doit-elle suivre uniquement la doxa ?

Dans l’interview vidéo de la section précédente, l’interviewer pose une question pertinente : une encyclopédie ne se doit-elle pas de n’apporter que ce qui fait consensus, afin d’éviter de perdre le lecteur en incluant trop d’alternatives ?

Larry Sanger n’est pas dupe et sa réponse est très claire : sur des sujets controversés, l’encyclopédie doit pouvoir apporter différents points de vue, de la manière la moins biaisée possible. Cela, afin de laisser la possibilité au lecteur de se forger sa propre opinion. En ne suivant que la « doxa », on force un choix, sans d’ailleurs que cela soit explicite pour le lecteur.

Bien sûr, on a tous en tête les encyclopédies mythiques des grands éditeurs. De l’Encyclopædia Universalis à Larousse, et bien sûr les anciennes encyclopédies comme celle de Diderot et d’Alembert. Et effectivement, on pouvait attendre de ces encyclopédies « académiques » qu’elles n’apportent que le point de vue prédominant, la doxa ambiante.

Mais Wikipedia a été créé dans un but différent : autres temps, autres mœurs. D’ailleurs, c’est toujours l’un de ses buts affichés sur la page d’accueil de l’encyclopédie « participative » : « permettre à tout le monde de contribuer ».

 

Avec le sous-entendu que la pluralité d’opinion est encouragée. Et pourtant, ce n’est pas du tout le cas. Ça ne l’est plus. Les enjeux sont bien trop importants. Alors, on laisse croire que « tout le monde peut s’exprimer », tandis que dans les faits et de la bouche même de ce fondateur : « il est de plus en plus difficile, voire impossible, de contribuer, même sur les sujets les plus anodins ».

Ponzi et création monétaire

Les chaînes de Ponzi

Fabien Olicard est un mentaliste talentueux. Dans une vidéo récente, il explique le mécanisme des pyramides de Ponzi. Je ne sais pas s’il a choisi le timing sciemment pour la publication de cette vidéo, mais vu la conjoncture, la coïncidence est particulièrement troublante ! En effet, le système de création monétaire du système bancaire est basé sur ce principe. Et non, je n’exagère rien.

 

La création monétaire par le crédit

Les lecteurs de mes livres savent déjà que, quand vous obtenez un crédit de votre banque, elle ne vous prête pas de la monnaie qu’elle a déjà. Elle crée ce montant sur votre compte par une simple écriture comptable, c’est juste un nombre saisi dans un ordinateur. Cela s’appelle la création monétaire ex-nihilo. Cette création suit un certain nombre de règles, qu’on ne va pas détailler ici.

Mais les intérêts du crédit, eux, ne sont pas créés. Seul le principal est créé. Cela signifie que, pour rembourser ces intérêts, il faut bien aller les chercher quelque part, ailleurs, pour les rembourser. Ailleurs, mais où ? On doit forcément ponctionner de la monnaie qui a été créée par d’autres crédits. Or, ces autres crédits ont été octroyés à d’autres individus ou entreprises, qui, à leur tour, vont avoir bien du mal à rembourser… leur seule solution est d’aller prendre à leur tour de la monnaie d’autres crédits, etc. D’où un endettement perpétuel et croissant de toute la population, y compris des états. Et cela, absolument partout dans le monde puisque le système bancaire fonctionne de cette même manière dans tous les pays à de rares exceptions près.

Analogie avec Ponzi…

Le système de création monétaire par les banques privées est donc exactement basé sur le même principe qu’une pyramide de Ponzi : celui qui crée la monnaie s’enrichit constamment sur le dos de ceux pour qui il crée de la monnaie, et ce de plus en plus puisque ce sont les nouveaux entrants qui doivent fournir aux précédents les intérêts qu’ils doivent rembourser.

Toute chaîne de Ponzi a une fin

Un système pyramidal de ce type ne peut jamais durer éternellement dans un monde fini. En effet, pour payer les membres existants, il est nécessaire de faire entrer de nouveaux membres sans cesse. Lorsqu’il n’y a plus assez de nouveaux entrants pour alimenter les anciens, le château de cartes s’effondre par manque de fonds.

C’est exactement ce qui est en train de se produire aujourd’hui avec le système bancaire. C’est d’ailleurs ce qui aurait dû se produire en 2008 si les états un peu partout dans le monde ne s’étaient pas endettés pour renflouer le système bancaire en déroute. Pas étonnant que les intérêts des crédits aient été ramenés quasiment à zéro par les banques centrales dans la décennie passée, on sent bien que la supercherie ne peut plus continuer beaucoup plus longtemps. La Covid-19 est probablement le dernier clou dans le cercueil…

Pour aller plus loin…

Voici un extrait de mon livre « La monnaie : l’essentiel », dans lequel j’ai utilisé dans les chapitres précédents l’exemple de naufragés sur une île utilisant des émeraudes comme monnaie d’échange.

L’intérêt esclavagiste

Imaginons à nouveau une île, cette fois avec 10 naufragés. Au lieu d’échanger des émeraudes, ils font appel à un onzième protagoniste qui se prétend banquier ; ils le croient, car il a encore sa cravate. Il leur propose de leur créditer 100 unités chacun, ils devront rembourser 10 unités tous les mois sur un an, ce qui fera 120 unités à rembourser, soit 20 % d’intérêts. Ils ont envie d’avoir de la monnaie pour leurs échanges, ils acceptent donc la proposition du banquier.

Celui-ci a « oublié » de leur expliquer que, sur les 12 mensualités qu’il va percevoir, les deux premières sont des intérêts qu’il va conserver, puis il détruira les 10 autres, pour détruire exactement ce qu’il a créé, c’est-à-dire 100 par personne.

Arrêtons-nous quelques instants et calculons :

  • il y a au total 100 unités créditées × 10 naufragés, soit 1 000 unités en circulation,
  • il faut rembourser 10 par mois × 12 mois × 10 naufragés, soit 1 200 unités au total au banquier.

Comment est-ce possible ? Il n’y a pas assez d’unités en circulation pour rembourser le banquier. Pire encore, à partir du dixième mois, il n’y aura plus une seule unité en circulation dans l’économie puisque chacun aura remboursé 100, c’est-à-dire l’intégralité de la monnaie qui a été créée ! Il leur restera à rembourser deux mois à 10 par mois soit 200 pour les 10 naufragés.

Mais on a oublié tout de même un détail : le banquier, lui, sera en possession des deux premières mensualités, soit 10×2×10=200. Ce sont les intérêts qu’il n’a pas détruits. À partir de ce constat, tout dépend de ce que le banquier décide de faire avec ces 200 unités.

Si le banquier décide d’utiliser cette monnaie pour se payer à manger grâce au travail des autres naufragés, il lui suffit de dépenser tranquillement ces intérêts pour se nourrir. Il peut alors passer ses journées dans un hamac au bord de l’eau, cocktails et caviar fournis par sa main-d’œuvre qu’il paye avec les intérêts qu’il a récoltés. Dans ce cas, s’il dépense tous les intérêts, il réinjecte 200 unités dans l’économie, exactement celles qui manquaient pour rembourser tous les crédits.

Malgré tout, même dans ce scénario parfait, il n’y a à la fin de l’année plus aucune unité en circulation dans l’île, car le banquier a détruit les dernières mensualités, comme prévu. C’est la crise. Chacun est à nouveau obligé de demander un nouveau crédit au banquier. Et donc de lui servir le caviar pour l’année qui vient. Et ceci indéfiniment.

L’intérêt manquant

Nous avons examiné un scénario, mais il en reste deux autres.

Si le banquier décide de partir lui-même à la pêche pour se nourrir et qu’il conserve ces 200 unités dans son coffre, alors effectivement il n’y aura jamais assez de monnaie pour le rembourser. Dans ce cas, les naufragés n’ont qu’une seule solution pour terminer de rembourser le banquier : faire de nouveaux crédits, qui incluront donc la fin du remboursement des anciens crédits. Chaque naufragé devra donc faire un crédit de 100+20 pour l’année suivante, soit 120. Mais cette fois les mensualités seront de 12 au lieu de 10. Et dix mois plus tard, il restera alors 24 à rembourser chacun tandis que toute la monnaie aura disparu. On se retrouve ainsi à faire des crédits de plus en plus gros pour rembourser de plus en plus d’intérêts.

On se retrouve exactement dans le même cas si le banquier décide de ne dépenser qu’une partie des intérêts qu’il a récoltés. Il n’y a pas assez de monnaie pour tout rembourser, les naufragés sont obligés de faire des crédits de plus en plus gros au fil du temps.

Dans la réalité, comme tous les crédits ne sont pas octroyés en même temps dans l’économie, les acteurs de l’économie doivent « piocher » dans les crédits des autres pour rembourser leurs propres crédits. Mais cette monnaie manque alors aux autres, qui se trouvent obligés à leur tour de ponctionner dans la monnaie d’autres crédits, et ainsi de suite.

Sur les épaules des géants

Chacune des réalisations de notre temps n’est possible que parce que nous nous sommes inspirés de ce qu’ont fait nos ancêtres. Inutile de réinventer la roue. Chaque génération puise son inspiration dans les générations précédentes. Évidemment, s’inspirer des meilleurs de nos prédécesseurs est la manière la plus efficace pour s’améliorer soi-même et transcender leur savoir. D’où le titre de ce billet.

L’écriture et son pendant, la lecture, est un moyen unique de transmission du savoir. Aujourd’hui, nous sommes dans l’immédiateté, la vidéo, d’autres moyens de transmission. On ne doit pourtant pas négliger pour autant ce moyen extrêmement compact et efficace qu’est la communication écrite. Lire des livres est crucial. Malgré tout, il y a tant à lire ! Trop de livres intéressants – que dis-je – passionnants ! Difficile de lire tout de qu’on aurait envie de lire.

Je vais donc proposer sur ce blog des résumés de certains livres que j’estime être importants. Cela ne veut pas dire que vous ne devriez pas lire les livres eux-mêmes. J’espère au contraire que cela vous inspirera pour lire davantage !

Pour commencer, j’aimerais vous signaler un excellent résumé d’un ouvrage que j’estime fondateur, et qui est pourtant très récent : « Dette : 5000 ans d’histoire » de David Graeber. Vous pourrez trouver ce résumé (sous formes de notes) sur le blog de Martouf. Bonne lecture !

Le Président Providentiel en version aérée

Des lecteurs ont trouvé dommage que la mise en page du Président Providentiel soit trop condensée.

Le Président Providentiel en version aérée est maintenant disponible sur Lulu. Il fait 278 pages au lieu de 200, et est plus cher, coûts d’impression oblige. Mais le confort de lecture s’en trouve amélioré.

Une image vaut mille mots :

À retrouver sur lulu : http://www.lulu.com/shop/denis-la-plume/le-pr%C3%A9sident-providentiel-version-a%C3%A9r%C3%A9e/paperback/product-24359331.html

Et pour le lancement, j’ai diminué le prix de manière conséquente (30 %). Sans compter qu’il y a une promo chez Lulu actuellement avec frais de port offert.

De retour sur le réseau privateur

Il y a quelques mois, le « Livre de Visages Privé » a désactivé mon compte sans sommation, et sans explication.

J’avais alors un réseau de dizaines de groupes et des milliers d’amis. Mais un serveur privé est un serveur privé. Et celui qui possède le serveur a tous les droits. Y compris celui de supprimer tout ce qu’il juge indésirable sans devoir rendre de comptes à qui que ce soit.

C’est vrai, critiquer ouvertement le réseau qui nous héberge ainsi que le Gouvernement avec lequel il s’entend très bien n’est pas forcément une excellente idée. Créer un compte sous pseudonyme non plus. Cela fausse toutes les données de son « Big Data » qui est son gagne pain. Mais bien sûr, c’est pour notre bien, pour garantir le bien être de ses utilisateurs. Ce n’est pas du tout une question de gros sous. Pas du tout. Une question reste ouverte : le Livre est-il aussi radical avec les comptes de trolls divers comme ceux de son Gouvernement chéri ? Pas sûr. Bon.

Aucune importance, en fait : ce sont ses serveurs, ses données, donc ses choix. Nous n’avons rien à dire tant que nous utilisons lesdits serveurs. Libre à tous, pourtant, d’utiliser les nombreuses alternatives libres sur lesquelles je suis disponible et poste régulièrement. Mais non, personne ne veut faire l’effort, ni même se rendre compte du danger. Comme toujours, l’indifférence est la pire de nos ennemis.

De toute évidence, il vaut mieux communiquer là où se trouve la majorité que dans le vide intersidéral. Après avoir été éjecté du Livre, donc, je reviens sous forme d’une page. J’espère durer un peu plus longtemps cette fois-ci. L’inconvénient étant qu’une page n’a pas autant d’interactions possibles qu’un compte. Tout est très bien pensé. Si tu apprécies ce que je poste, clique sur le logo ci-dessous et suis/aime ma page.

L’arnaque du Revenu Universel d’Activité

Le Gouvernement étudie actuellement dans le plus grand silence médiatique, depuis de nombreux mois, le remplacement des aides sociales par une aide unique au doux nom de « Revenu Universel d’Activité ».

Une arnaque de plus

Que cache cette nouvelle mesure, annoncée pour très bientôt, puisque c’est pour 2020 ? Vu l’échéance, on en entend très peu parler dans les médias. Mais il y a un très joli site bien touffu de « consultation citoyenne »… avec une participation citoyenne extrêmement faible, logique. C’est bien le signe qu’on vous prépare le coup du lapin assorti de « mais, on a consulté les citoyens avant ! ». Un peu comme le référendum ADP.

En résumé, ça pue l’arnaque. Le Gouvernement va encore probablement faire des « économies », tirant tout le monde encore plus vers le bas. Mais bien sûr, tout en s’assurant que les plus miséreux aient leur miche de pain pour éviter qu’ils se révoltent. Attention ça va piquer !

Sous couvert affiché de « lutter contre la pauvreté », il s’agit en réalité d’aider le Medef à baisser les salaires encore davantage. Astuce pratique pour traiter tous les opposants de vilains capitalistes qui refusent de lutter contre la pauvreté. On ne peut d’ailleurs que s’inquiéter davantage puisque le Gouvernement s’apprête à démanteler « l’Observatoire national de la pauvreté » juste avant l’arrivée de cette réforme. Hasard de calendrier ? Peut-être pas.

Inciter à travailler – coûte que coûte

En réalité, le but à peine caché est de « mettre les fainéants au travail ». C’est dit avec des fleurs, mais le message de fond est bien celui-là. En clair, bien vous mettre la tête dans la gadoue pour vous obliger à trouver un travail coûte que coûte, sans aucun doute, ce revenu sera… frugal, comparé aux aides actuelles. C’est pour votre bien : lorsque vous retrouverez un travail, vous gagnerez plus d’argent ! D’autre part, il est prévu d’être dégressif pour que vous n’ayez plus le choix à un moment donné : vous prostituer ou mourir de faim. Ce qui aura pour effet évident une baisse générale des salaires.

Pour rappel, les différentes aides sociales existantes sont rarement là juste pour la déco. Elles existent pour palier à des problèmes spécifiques de chaque individu. Tout le monde n’a pas les mêmes contraintes. Ni les mêmes handicaps. Pas non plus les mêmes difficultés à retrouver un travail. Activités saisonnières, intermittentes, à temps plein ou non, en horaires décalés, etc. Pas les mêmes contraintes budgétaires en fonction de la famille et du lieu où on habite, etc.

Au fait, le RUA s’appliquera-t-il aux Élus de la Ripoublique et aux Milliardaires ?

Universel ?

« Revenu Universel Sous Conditions de Ressources ». Universel ? Non puisque « sous condition ».

L’oxymore parfait.

L’art de détourner les mots et de les utiliser pour ce qu’ils ne sont pas, version Novlangue. Si c’était « Universel », ce serait versé à chaque individu, qu’il travaille ou non, quelle que soit sa situation. Ce qui, au passage, l’inciterait très clairement à travailler puisque cela viendrait s’ajouter à son salaire. Mais il ne faut pas rêver non plus. Les expériences de ce type sont « trop coûteuses » pour un état asphyxié par des décisions budgétaires et économiques absurdes. Lesquelles ?

Détourner l’attention, toujours

Évidemment, il s’agit comme d’habitude d’une redistribution monétaire qui ne pose pas les bonnes questions. On détourne systématiquement les têtes de là où il faudrait regarder.

  • Évasion fiscale = 100 milliards d’euros par an. Mais on tape sur les chômeurs et l’APL des étudiants. Tout en supprimant l’ISF, ce qui a eu pour effet de bord prévisible de diminuer les dons aux associations caritatives.
  • Dette publique due aux intérêts = 40 milliards d’euros par an. Dette jamais remise en question bien qu’illégitime.
  • Lobby de la grande distribution qui se permet d’occuper illégalement des sols = plus de 400 milliards d’euros d’arriérés. Tandis qu’on met une amende de 500€ pour un SDF ou un gilet jaune qui a érigé une cabane.
  • Bradage systématique au privé des infrastructures publiques dans lesquelles on vient d’investir massivement : autoroutes, gares, aéroports, Française des Jeux, barrages, etc. Les Grecs ont dû le faire sous la contrainte et les menaces. Pour la France, c’est fait tranquillement au vu de tous, petit-à-petit.

Escamoter systématiquement l’essentiel

Inonder la population de complications pour qu’elle n’ait jamais le temps de s’interroger sur la racine des problèmes. S’assurer qu’elle vit au jour-le-jour, soit débordée d’information de moindre importance. Pour éclipser, cacher en plein jour, les questions essentielles.

La plus importante : le pouvoir de la création monétaire laissé aux banques privées. Ce qui leur donne le pouvoir de financer avant tout le pétrole, l’industrie pharmaceutique et chimique, et les guerres. Surtout pas les hôpitaux, l’éducation, la permaculture ou les pompiers, pas assez rentables.

Le Dividende Universel de la monnaie libre, lui, répond à la vraie question de la création monétaire. Il est réellement « Universel » : un humain = un dividende. La vraie remise en question est là. Et il faut à tout prix éviter que ce débat atteigne la sphère publique.